Aldo Qureshi : à rebrousse poils

Aldo Quresch n’y va jamais par le dos de la cuillère. L’éthique ici n’est même pas un toc. Et c’est rafraîchissant en nos temps où le moindre écart est une carabistouille (comme dit notre président) condamnable. Le poète est un « méchant homme » qui ne cherche pas à jouer les seigneurs : sa femme et ses enfants il les élève. Il a grand mérite puisque la première se lève vers trois heures du matin pour pratiquer la « religion de l’œuf » (afin d'en savoir plus se reporter à la p. 38).

Mais hors domicile le monde n’est pas plus reluisant.  Chacun y va de ses coups de poings toutefois les mâles dominants ne se contrôlent même pas eux-mêmes. 
Bref il n’y a pas de quoi pavoiser même quand un body builder huilé se prend pour Schwarzenegger. Chacun pond ce qu’il peut : ce qui ne veut pas dire que l’avenir est dans les œufs. 

Le monde une plus que jamais la « branloire pérenne » dont parlait Montaigne. Et il n’a jamais autant mérité un tel nom. L’espoir n’est pas de mise et ce dès la jeunesse. Tout ce qui s’espère dans une telle portion de terre c’est un « C.A.P Cheeseburger » ou au lieux un « B.E.P. Mickey ». Ne reste qu’à choisir parmi des nuances de gris et divers types de poussière avant d’y retourner.
Bref, de quoi désespéré Billancourt hier et le 9-3 aujourd’hui. Néanmoins  entre hommes serpillières et les drôles de dames Sissoko le noir est une couleur sur laquelle d’autres peuvent se coller comme un dentier dans une bouche aux ivoires tombées. Ce qui tout compte fait ne manque pas de mordant.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Aldo Qureshi, Barnabas, Vanloo édition, Aix en Provence, 2018, 116 p., 12 euros

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