Les traversées de Laurine Rousselet

Dans les poèmes de Laurine Rousselet se produit ce qui n'est pas de l'ordre du simple point de vue ou du simple discours. Cela constitue une sorte de mise en rêve du paysage et du rébus qui l'habite par l'œil qui se cherche en lui comme on disait autrefois que l'âme se cherche dans les miroirs.
C'est pourquoi chez la poétesse deux opérations ont lieu en même temps. Concentration, fermeture mais aussi ouverture du champ. Avec en plus un effet de réflexion. Le regard s'éprend, s'apprend, se surprend alors que l'œil butinant et virevoltant reste toujours pressé.

Il lui manque sans doute le poids de la mélancolie et de la mort comme de la légèreté et de la vie. Mais Laurine Rousselet sait colmater ce manque par ses mots en faisant passer d'un reflet à l'autre en un subtil "tour". Ainsi, la poésie inscrit entre ici et ailleurs son extra - territorialité dans une dimension structurante qui subvertit les notions habituelles de dehors et de dedans.

Certes un manque essentiel reste  au cœur de cette polarité. Mais au fond d'espaces nocturnes l’auteure érige ses suites de vanités d'où surgissent des ouvertures oculaires et mentales. La mélancolie transcendantale qui s'exprime là semble de nature à traverser la conscience du lecteur jusqu'à atteindre un arrière-oeil, un au-delà non désignable et qui pourrait être aussi bien le royaume des morts que celui de l’inconscient.

 

Laurine Rousselet, Ruine Balance, éditions Isabelle Sauvage, avril 2019

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