"Swamplandia", de Karen Russell : un tiers du Pulitzer 2012 !

Plongée en apnée dans les Everglades, près du lac Okeechobee : une famille de doux dingues vit en autarcie totale sur son île. Elle y gère son parc d’attractions consacré aux… alligators. Chacun y joue son rôle. Tous déguisés en costume d'indien, au point que le père se fait appeler Chef. Mais à la suite de la mort de l’héroïne du parc, Hiloa Bigtree, la mère de famille qui est aussi dompteuse de crocodiles, la famille va devoir affronter un deuxième coup du sort. L’arrivée du Monde de l’Obscur, un nouveau parc d’attractions hyper moderne. Comme quoi, un malheur n’arrive jamais seul… Les touristes désertent. Les dettes enflent. Le moral baisse. Les carottes sont cuites. À moins que. 


Car si les adultes se défaussent, les enfants relèvent le défi. Tandis que le grand-père se réfugie chez Alzheimer, le père fabule. Et s’enfonce dans le déni. Kiwi, le grand frère, décide alors de s’enfuir. Partir sur le continent pour trouver de l’argent. Facile à dire. Moins à faire. D’autant qu’il commence son parcours vers la fortune comme... homme à tout faire. Au sein du Monde de l’Obscur (sic). Les deux sœurs dérivent en visitant les îles alentours. L’une dans sa tête (elle parle aux morts). L’autre dans une quête effrénée vers l’âge adulte pour reprendre le métier de sa mère.

 

À la manière de John Irving, Karen Russell signe un premier roman pétillant sur l’âge tendre de l’adolescence. Cette jeune femme (née en 1981) a d’ailleurs été distinguée par la National Book Foundation  et la Fondation Guggenheim. Elle a également figuré parmi les trois finalistes du Pulitzer 2012, que le jury n’a pas réussi à départager (sic).

Elle sera présente au Festival America (Vincennes, du 20 au 23 septembre 2012).

 

D’une écriture rythmée toute en profusion de détails, elle (dé)peint une fresque familiale déjantée. On rit parfois des situations. Le déroulé aspire à savoir la suite. C’est prenant. Et décalé. Un peu comme si la famille Adams se rendait chez Disney. On imagine facilement le scandale...


Annabelle Hautecontre

 

Karen Russell, Swamplandia, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Albin Michel, août 2012, 464 p. – 22,50 €

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A noter qu'HBO a racheté les droits pour l'adapter en série ce qui est toujours bon signe. Effectivement, un roman décalé type Alice au pays des Merveilles, en réalité, une chute aux enfers, le commencement de la fin. Une écriture poétique, presque enfantine qui permet à Karen Russel de raconter le pire sans tomber dans le glauque. Un tiers de prix mérité!