"Fragments d'un discours amoureux" de Roland Barthes lu par Fabrice Luchini, la jouissance du verbe

Roland Barthes était le phare  des jeunes intellectuels des années 70, qui se pressaient pour recueillir ses pensées, et le Fragments d'un discours amoureux (1977) en a longtemps été le livre de chevet. Ce texte inclassable, qui regroupe à la fois des analyses d'oeuvres (dont les Souffrances du jeune Werther de Goethe qui tient une place prépondérante) et des réflexions personnelles par lesquelles le maître tentait d'approcher l'essence même du sentiment amoureux, cet état si fragile et puissant à la fois qui dépasse le cadre stricte du connaissable, a pris une place importante dans le développement intellectuel de Fabrice Luchini. 
Luchini parle de sa rencontre avec Barthes dans son spectacle Tout sur Robert : jeune garçon coiffeur qui découvre Nietzsche et qui vient de jouer le très épique Perceval le Gallois d'Eric Rohmer (1978), il a l'immense joie de lire que Barthes le consacre dans un de ses articles ! Assistant à l'un de ses cours, il en sort avec le téléphone du maître et s'estime élu ! 
Le texte de Barthes ne cessera de nourrir Luchini et c'est naturellement qu'il décide d'en lire les extraits pour lui les plus parlants, qu'il reprend aussi dans ses spectacles. 
Barthes approche l'idée du discours amoureux par petites touches où jamais la vérité ne s'impose comme une théorie ferme mais toujours s'approche par l'écriture impressionniste et très expérimentale. C'est autant l'état de l'amoureux que la portée de son discours (sur lui et sur son amoureuse) qui forme la recherche de Barthes. 
Si, comme le dit Luchini, la femme jouit d'abord par l'oreille, cette lecture exaltée est une véritable expérience du plaisir du texte.


Loïc Di Stefano

Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux, extraits choisis et lus par Fabrice Luchini, Audiolib, 1 CD, 1h10, 19,30 eur
1re édition 2011

6 commentaires

Antoine Perraud

Pour ne rien dire de ce commentaire un peu indigent, et il me semble assez peu informé ("l'écriture très expérimentale de Barthes"...), syntaxiquement fragilou ("dont  Les souffrances du jeune Werther tient une place prépondérante"), etc - je me contenterai de signaler quand même, ce que tout le monde sait (mais non, sans doute), ce point de détail anodin, tant qu'on n'en profite pas, tout de même, pour se planter à son sujet dans un écrit de 4 lignes : que les amours de Barthes étaient homosexuelles... même si, ici, on parle soudain de son... "amoureuse". (Bien sûr, ça ne change rien à l'Amour...)  (Je me souviens là-dessus d'un échange entre Pivot et Cavana) 

Il était homo, le Barthes, et a même essayé de se taper la Luchina, et ? ses exemples dans Goethe  relèvent de son choix sexuel personnel ? Et vous pensez éclairer ce texte par la braguette ? si oui, allez y, éclairez-nous !

Ariana

(Poil au cou ; vous qui ne savez pas me lire - même moi ! - comment pouvez-vous espérer lire Barthes.) Je disais donc que vous semblez ne pas savoir que Barthes était homo - puisque vous parlez de son "amoureuse"... Mais ça n'était pas le plus grave.

et non, je le savais, mais je persiste à ne pas comprendre en quoi cela a une incidence : il y un amoureux "idéal" et son amoureuse "idéale". D'autant qu'il ne s'agissait pas ici de faire l'exégèse du texte de Barthes mais simplement de présenter la lecture par Luchini. 

Arsene de Montpezat

Mais vous ne dites pas grand chose de cette lecture de Luchini - c'est surtout ça, que je vous reprochais... J'adore Barthes, j'aime bcp Luchini, mais je n'aime pas trop de qu'il "fait" des "Fragments..." (Pas assez d'intériorité, trop d'effets). Sinon, bien sûr, vous avez raison - si c'est bien de cela dont vous parlez : le discours amoureux intrinsèquement ne change pas, qu'il soit homo ou hétéro. (C'est sur ce point aussi que s'entendaient, jadis, Pivot et Cavanna - je me souviens.) Pardonnez mes énervements parfois injustes...

à mon tour de vous donner double fois raison : 1/ je n'ai pas assez insisté sur la notion de "choix" par Luchini du texte de Barthes. L'homme de spectacle ressurgit et cela se sent un peu en effet, disons qu'il réorganise ces fragments à sa sauce, mais au moins, contrairement à ce qu'il en fait dans ses spectacles, il a le texte réel. Sa lecture est exaltée, vraiment belle, mais c'est une luchinisation de Barthes vous avez raison. 2/ vos énervements sont parfois injustes...