Elle nous avait épatés avec son premier roman Tout n’est pas perdu, l’an dernier, qui dans la catégorie thriller psychologique s’imposait par son intrigue, la consistance de ses personnages et un sens du rythme sans défaut. Wendy Walker, qui est avocate spécialisée dans le droit de la famille (détail qui a son importance pour ce livre) revient ici avec une histoire au moins aussi noire que son premier succès. Jugez-en.

Deux sœurs de 15 et 17 ans disparaissent un jour sur une plage. S’agit-il d’un enlèvement, d’un suicide collectif, d’une fugue à deux ? Pendant trois ans, malgré les efforts du FBI, les filles sont introuvables. Et un matin, Cassandra, la petite réapparaît, racontant une terrible histoire de séquestration sur une ile, avec un couple affamé de bébé, et une grande sœur enceinte, dépossédée de son enfant qui a dû rester sur cette ile mystérieuse…

Alternant entre les récits de leur captivité et les souvenirs d’enfance, Cassandra se raconte, mais quelque chose dans son discours surprend les autorités. Nous découvrons ainsi le quotidien d'une famille dysfonctionnelle (une de plus !) mais celle-ci pourrait remporter la palme avec au milieu, une mère, souffrant d’une personnalité narcissique extrême, capable de liguer ses enfants les uns contre les autres, de jeter un œil concupiscent sur son beau-fils, d’humilier son mari, de détester son ex et surtout de rendre la vie de tous un véritable enfer.

Wendy Walker n’a pas son pareil pour tisser des liens étranges entre des faits apparemment anodins, pour faire douter le lecteur, nous happer dans sa toile. On se souviendra longtemps de cette famille toxique et manipulatrice, de ce final que l’on n’a pas vu arriver et d’une vérité glaçante. Où est Emma ? Vous n’êtes pas près d’arrêter de vous poser la question !

Ariane Bois

Wendy Walker, Emma dans la nuit, Sonatine, traduction de Karine Lalechère, février 2018, 312 pages, 21€