Souvenirs de l’avenir, de Suri Hustvedt : Je me souviens

Un écrivain se retourne vers celle qu’elle fut, innocente et naïve, et retrace son chemin. Dans son nouvel ouvrage, Suri Hustvedt ressuscite sa jeunesse, celle d’une fille que ses co-locataires appelaient Minnesota car elle venait de cet état rural, et vivait désormais à New York, dans le but d’écrire un roman.

Découverte enfiévrée de la ville, rencontres masculines, agression un soir, la jeune fille d’alors a tout consigné dans un journal de cette année-là qui revit sous nos yeux, tout comme le récit autobiographique qu’elle écrivait à l’époque. 

Se dessine alors la naissance d’un écrivain mais aussi le profil d’une génération, folle de l’écrit et nourrie au mythe du Grand roman américain. 

Il y a une voisine, Lucy Brite, dont le mystère et l’attitude incohérente vont peu à peu envahir la jeune fille et son texte, des moments de pure comédie et de la solitude, sans oublier des dessins retrouvés de l’époque, brouillons de jeunesse dans lesquels tout le talent de l’auteur se voit déjà.  

Un roman touffu, brillant, réflexion sur l’âge qui vient, les parents qui s’en vont, mais aussi sur la création, portrait d’une Amérique qui a tant changé, ces Souvenirs de l’avenir sont une porte ouverte sur le psychisme d’une artiste, sa liberté et les choix qu’elle a du faire. 

Brillant et fin, un régal pour tous ceux qui aiment Suri Hustvedt et qui ont ainsi l’impression de mieux connaître cet immense essayiste. 

Ariane Bois 

Suri Hustvedt, Souvenirs de l’avenir, traduit de l’américain par Christine Le Bœuf, Actes Sud, septembre 2019, 336 p.-, 22, 80 € 

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