José Saramago a désormais une fille adoptive. Aussi ne vous laissez pas effrayer par la densité de ce texte. Ne fuyez pas sitôt livre ouvert. Tout comme le prix Nobel portugais, Véronique Bizot possède une voix. Un style qui fait tout. Une manière de voir. Donc de dire qui forge le langage. Incruste le texte dans vos pupilles pour mieux lui donner vie. Vous lisez la première ligne et vous laissez filer. Vous serez portés sur plus de cent pages... 

Les mauvaises longues vous diront qu’il ne se passe rien. Et alors ? C’est tout d’abord faux. Mais cela n’est pas le propos. Bizot n’a pas écrit un récit. Mais un roman, un engrenage existentiel. Une métaphore autour d’une maison vide. D’un robinet qui fuit s’il n’est pas purgé. De la neige qui endort le paysage. Du téléphone qui chante dans la poche d’une veste. Du temps qui s’étire. De la maladie qui tourne autour de sa proie. De la famille qui pèse sur les épaules. De l’infini. D’une lettre. Des âmes qui se perdent autour du monde. D’un lac. Du rocher de Monaco à la Malaisie. D’un feu de cheminée dans une bibliothèque - l’idéal pour mettre le feu...

Je ne vous en dirais pas plus car il y a tant à découvrir. Il faut savoir décrocher du réel. Oublier le bruit dans la rue et se pencher sur un livre. Découvrir un texte. Savourer sa fluidité. Ne plus s’encombrer des normes. Et prendre du plaisir à. Lire, l’avenir de l’homme...

Annabelle Hautecontre

Véronique Bizot, Un avenir, Actes Sud,  "domaine français", août 2011, 104 p. - 15,00 €