Pickpocket, le quotidien d'un voleur

Il vit seul, dans une sale chambre quasi délabrée. Il passe ses journées à errer sans but parmi la foule. Il n'a rien. Il n'est rien. Mais il a choisit son statut particulier et n'en demande pardon à personne : c'est un voleur, un pickpocket. Ses mains habiles prélèvent au passage avec une incroyable dextérité de quoi lui faire vivre un jour de plus, dépenser sans compter et donner même beaucoup, notamment à un gamin qu'il prend sous son aile.

Son art, dont il parle avec sagesse et respect, le conduit malgré lui dans une aventure qui le dépasse et lui montre les limites de la criminalités qu'il peut admettre. Petite plongée dans une noirceur qu'il ne soupçonnait pas et qui donne au roman un côté roman noir pas désagréable mais pas essentielle : c'est une plongée dans l'intimité et la conscience d'un voleur.

« En fourrant mes doigts dans les poches d'autrui, j'ai tourné le dos à tout, j'ai rejeté la collectivité, j'ai rejeté ce qui est sain et lumineux. J'ai érigé des murs autour de moi et vécu comme tapi dans les interstices sombres de la vie. »

Prix Kenzaburô Oe en 2010,  Pickpocket est une promenade noire et mélancolique mais aussi une manière d'éloge non pas du vol mais de la dextérité du voleur, de sa science, de sa philosophie. Un très beau roman, simple et prenant.

Loïc Di Stefano

Nakamura Fuminori, Pickpocket, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Philippe Picquier, 190 pages, janvier 2013, 17,50 euros

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