"Ne deviens jamais vieux !" , où l'on découvre Buck Schatz l'emmerdeur, Inspecteur Harry du troisième âge

Prenez deux camarades de guerre, qui ont forgé leur amitié dans un camp de prisonniers mais qui vont travailler pendant près de vingt ans dos à dos dans le même commissariat de police en se haïssant copieusement. Et quand l'un meurt, il appelle son vieil ennemi à son chevet  pour lui avouer ce qui lui a toujours pesé : il a laissé s'échapper Heinrich Ziegler, leur tortionnaire, avec son magot contre un petit lingot... A ce moment là, Buck Schatz, dont la légende dit qu'il inspira l'inspecteur Harry incarné à l'écran par Clint Eastwood (le flic brutal et flingueur), se retrouve seul face à ce passé commun et décide, dernière volonté d'un défunt, de partir à la chasse au criminel nazi et retrouver l'or ! Ce sera un passe-temps comme un autre, plutôt que d'emmerder copieusement son monde avec son humour cinglant, il va fouiller un peu dans le passé !

Tout le roman, dont l'histoire bien que drôle et très bien menée n'a rien de tout à fait originale, tient sur le personnage de Buck Schatz, un vieux râleur horripilant et aux limites du supportable parfois - quand il fume dans l'église et s'étonne de voir tant de variétés de goys chrétiens -, ses coups de gueule, sa manière brutale de tout gérer mais aussi la réalité de son âge et surtout de sa réputation. Une légende vivante qui a du mal à être à la hauteur de lui même, sinon en paroles... Mais le voilà qui part, comme un baroud d'honneur, se prendre pour un héros une dernière fois tout en vengeant son passé et celui de son vieil ennemi. C'est une chasse au trésor aussi bien qu'une quête d'identité au moment de quitter la scène, et un passage de flambeau à son petit-fils, qui l'accompagne dans cette quête.

Ne deviens jamais vieux !, sauf si c'est pour être comme Buck Schatz, aller de l'avant et emmerder le monde, un énorme .357 magnum à la main ! 

Loïc Di Stefano

Daniel Friedman, Ne deviens jamais vieux !, traduit de l'anglais (USA) par Charles Recoursé, Sonatine, mai 2013, 330 pages, 20 eur
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