Alexis Pelletier : le présent empiété

Par l’extrémité du son / et du silence, une voix s'élève, flotte ou creuse une masse très dense / de sensations ou de souvenirs / de visages ou de corps. Il pourrait sembler qu'il existe peu de choses et pourtant Alexis Pelletier ratisse des moments au moment où tout est prêt à s'effacer.
Ne restent qu'une pâle clarté et une musique. Les deux éloignent certes la douleur mais aussi la douceur en un petit bruit dans la langue.

Néanmoins remontent des fragments du temps passé pour colmater les abîmes où tout s'indistingue.
Il faut en effet que l’espérance s'arrime à ce qu'elle peut au sein  d'un monde qui lui offre bien peu de prises et de chances. Car les banquiers, gourous, hommes de pouvoir imposent leur loi. Et la piétaille en paye le prix.

Si une résistance perdure, l'amour comme la poésie ne font guère le poids. Une force toutefois se bande par fragments de poèmes dont les échos même restent percutants au sein d'une claudication fragile mais où les mots sortent d'un simple statut de tristes figures.

Reste cette nécessité du dire pour casser l'arrogance et la froideur des maîtres et pour espérer encore l'approche d’une romance : celle d'un mal aimé mais qui s'affiche en amoureux dont la folie est une preuve d'existence.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Alexis Pelletier, Présent du présent suivi de Il faut que tu me suives, Éditions Tarabuste, août 2020, 328 p.-, 20 €

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