"Blue Jay Way" de Fabrice Colin déroge aux codes des romans policier

Blue Jay Way est un roman rapide, violent qui raconte l'indolence, la facilité de l'argent et la folie.
Quand Julien arrive à LA, il n'est pas au mieux de sa forme : son père est mort dans un des avions du 11 septembre mais les thèses conspirationistes empoisonnent sa vie. Il ne fait pas grand chose, ne croit plus en rien . Il a terminé un roman sur un écrivain qu'il adule, Caroline Guerrissen et se retrouve dans la plus grande vacuité. Elle lui propose de se rendre en Californie afin d'aider son fil Brian à retrouver un peu de stabilité. Celui-ci perdu dans une villa aussi gigantesque que cauchemardesque erre avec quelques amis drogués, paumés.


Le père de Bryan, producteur influent l'a quelques mois plus tôt enrôlé dans un jeu de télé réalité dont il ne s'est jamais remis.

Remarié à une femme de l'âge de son fils, Ashley, il tente de se faire pardonner en lui donnant carte blanche sur l'Amex..

L'argent, la drogue, l'alcool coulent à flots dans le jacuzzi ou la salle de projection dont ils ne sortent que rarement. Las, Julien n'est pas le meilleur des coach.. Apeuré, passif, il ne lie aucun lien d'amitié avec Bryan mais couche avec Ashley. Peut-être eut-il mieux valu le contraire.


Dans l'ombre des soirées Californiennes, rôdent deux tueurs : l'un, Jacob dont la mère s'est suicidée alors qu'il avait quelques mois et un second, Scott bien inséré et très proche du groupe.

Très vite les meurtres se multiplient. Faux policiers et vrais tueurs vont se mélanger, vivre au plus près des adolescents sans que personne ne puisse rien faire. La confusion est totale. Qui tue qui ? est la question. Dans ce paradis écrasé de chaleur de paranoïa et d'ennui, tout le monde erre en comptant les morts dans la villa peu à peu vide et dévastée.


Pour ce second roman, Fabrice Colin déroge aux codes des romans policier : le FBI n'est là que pour l'ambiance. L'essentiel est ailleurs : dans cette Californie mortifère et hallucinée. Royaume de l'apparence et du vide comme aspirée par ses déserts.

Proche de l'univers de David Lynch et de Brett Easton Ellis, l'auteur trame un suspens efficace ou les coupables ne sont pas ceux que l'on imagine et livre un final d'une cruauté inouïe à l'image de L.A, cette région du monde qui excite comme aucune autre au monde "l'appétit de meurtre de dingues en tout genre".


Brigit Bontour


Fabrice Colin, Blue Jay Way, éditions Sonatine, février 2012, 496 p., 22,60 €

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