Epopée, exorcisme, poème de la langue ce livre mêle la légende et l'histoire, le passé au présent. Il y a là la guerre d'Algérie mais aussi la métropole. L'eau rare des oueds et celles tumultueuses des torrents qui ravagent tout.

Comme celles-ci les mots de Thireau se heurtent pour créer diverses contradictions. Ils font refluer l'antique dans la bouche mais aussi le nouveau. L'auteur mâche les mots, les silences, reconstruit l'image d'amants des années 70. Et sa poésie permet cette formidable intrusion là où l'auteur reconstruit et déconstruit ce roman de la Rose.

La femme - qui n'aspire pas à l'innocence - reste le centre de ce voyage. Cette figure reste comme une figure imposée mais belle. Là où Dieu n'existe pas mais où aimer ceux qui existent reste le chemin.　Là où la prose devient un retissage du temps et de l'espace et des divers éléments.

Jean-Paul Gavard-Perret

Philippe Thireau, Mélancholia, Tindbad éditions, février 2020, 52 p.-, 11,50 €