"49 jours pour devenir un vrai militant anti-écolo", d'Olivier Griette : un antidote au bourrage de crâne

Si les écologistes, les purs et durs, les radicaux, étaient dotés d'une once de fantaisie, cela se saurait. Ils accueilleraient ce livre avec de grands éclats de rire. Hélas, on ne sache pas que la vertu première de Mesdames Eva Joly et Cécile Duflot, Messieurs José Bové ou Noël Mamère soit le sens de l'humour. Il suffit, pour s'en convaincre, de reprendre leurs discours ou déclarations. De les entendre fulminer leurs anathèmes. La drôlerie n'en est certes pas absente, mais pour de tout autres raisons auxquelles ils demeurent étrangers.

 

Encore moins sont-ils capables d'autodérision. Ce qui les caractérise semble, à l'inverse, un sérieux insubmersible. La certitude de détenir la vérité révélée. Avec, corollaire obligé, le sentiment de leur importance et le mépris pour quiconque s'autoriserait à mettre en doute les dogmes qu'ils édictent. Plus que le mépris, du reste : la vindicte. Rien de plus hargneux qu'un écolo face à quiconque se hasarde à contester ses ukases. Rien sinon, peut-être, un maoïste attardé - ce qui, du reste, n'est pas incompatible.

 

Olivier Griette n'a cure des humeurs de ceux qu'il nomme, non sans raison, les "Khmers verts". Son propos, combattre "l'écoterrorisme politiquement correct" avec l'arme qui lui est la plus étrangère, l'ironie. D'où ce guide destiné à apprendre au lecteur à échapper au bourrage de crâne. A se déprogrammer, en quelque sorte, pour retrouver son esprit critique. Une méthode de déculpabilisation qui propose un itinéraire de quarante-neuf jours, encadré par deux psycho-tests destinés à mesurer les aptitudes et les progrès accomplis sur la voie de la libération.

 

Comme tout ouvrage pratique, celui-ci contient des leçons, des conseils, l'évaluation des performances et des éléments bibliographiques pour un éventuel approfondissement. Ainsi apprend-on, de façon rationnelle, à faucher un champ bio, à surconsommer les médicaments, à remplir sa piscine pendant la canicule, à goudronner son jardin tout en privilégiant le suremballage. Sans compter la lutte contre les faits de Serres (Michel, le philosophe) et la préservation de la couche d'Ausone (le poète gallo-romain). Bref, tout ce qui conduit immanquablement au bord de la crise de nerfs ceux qui sont déterminés à "ramener les conditions de vie quotidienne à l'âge de pierre".

 

Les divers procédés du comique, du calembour à l'antiphrase, de la parodie à la prétérition, du burlesque au second degré, sont mis en oeuvre dans ce manuel réjouissant à plus d'un titre et, finalement, plus profond qu'il n'y paraît. D'abord, il prouve que l'esprit frondeur n'a pas tout à fait disparu en nos temps de consensus mou. Ensuite, il constitue un excellent antidote à la morosité générale. Voilà pourquoi on conseillera de le lire séance tenante, tant qu'il est encore temps. Et de le diffuser sans modération, singulièrement auprès de ceux qui sont plus que d'autres perméables à la doxa officielle, soit qu'ils aient subi un endoctrinement prolongé, soit, au contraire, que leur jeune cerveau offre une proie facile au conformisme de la pensée. La prophylaxie n'est jamais trop précoce.

 

Jacques Aboucaya

 

Olivier Griette, 49 jours pour devenir un vrai militant anti-écolo, Xenia, octobre 2013, 146 p., 19 €.

  

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