Yves Chiron, "Histoire des conciles" : une histoire vivante et accessible de l’Eglise
Si le premier concile, au sens orthodoxe du terme, est celui de Nicée en 325, il y eut, précédemment, d’autres assemblées dénommées synodes pour fixer les premières règles d’une religion naissante dans les larmes et dans le sang. La toute première réunion, connue depuis sous le nom du concile de Jérusalem, s’est tenue en 49, soit une quinzaine d’années seulement après la mort du Christ. Il fallait définir si les nouveaux chrétiens, venant du paganisme, devaient relever de la loi de Moïse et respecter les obligations du Judaïsme.
Ce n’est que lorsque le christianisme fut toléré,
puis devint religion d’État, sous l’empereur Constantin, que se
convoquèrent de larges assemblées pour édicter quelques règles et
vérités. Mais, il fallait définir, de façon universelle, la
divinité du Christ, sa place dans la Trinité, le rôle de Marie et
son titre de « Mère de Dieu ». C’est lors de Nicée I,
en 325, que sont déterminés les dogmes. C’est à ce concile que
sont couchées, noir sur blanc, les premières règles, ou canons, au
nombre de vingt, qui concernent essentiellement l’organisation du
clergé, dont la fameuse interdiction absolue : « ...à
tous les membres du clergé d’introduire auprès d’eux une
compagne. »
Ainsi, peu à peu, on voit émerger les doctrines sur la vénération des images, le culte des icônes, sur la modestie des clercs dans leur vêture, sur les monastères doubles accueillant à la fois moines et moniales... On remarque que des conciles reviennent sur des canons, en renforcent d’autres, selon une évolution de la société dans laquelle évolue l’Église.
Yves Chiron reprend ainsi, pour
chacun des vingt-et-un conciles œcuméniques : « Le
contexte historique de sa convocation, l’histoire de son
déroulement, les grandes décisions doctrinales et décisions
disciplinaires prises. » Il évoque les différents courants
qui ont bouleversé la chrétienté, donne une synthèse instruite de
chaque concile, conciliant la concision et l’érudition pour un
éclairage de chaque concile. Il décrit les conflits, les
impulsions, les échanges, les luttes pour le pouvoir entre
Constantinople et Rome, pour s’assurer la suprématie sur le monde
chrétien jusqu’au schisme de 1054 séparant l’Église, l’une
prenant le qualificatif de catholique l’autre gardant celui
d’orthodoxe.
Les thèses étaient nombreuses et contradictoires. Les excommunications et les exils allaient bon train dans ces conciles. Mais les hérésies n’étaient pas seulement des oppositions à la foi orthodoxe, (au sens de droit, correct), mais elles s’opposaient entre elles, perturbant les fidèles. L’auteur donne de multiples références, des auteurs et une bibliographie conséquente pour chaque concile, documentation qui permet d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.
On ne peut que se satisfaire de ce travail
considérable qui éclaire le cheminement d’une religion vers ce
qu’elle est aujourd’hui sachant que, pendant de très nombreux
siècles, l’Église catholique, et donc son évolution, pesait sur
la vie civile et sur celle de tous les habitants de
l’Occident.
Histoire
des conciles
se lit comme un roman tant la prose d’Yves Chiron est limpide. La
concentration de son propos, son esprit de synthèse offrent
l’essentiel et donnent une vision nouvelle d’une large part de
notre passé et de notre présent.
Yves Chiron, Histoire des conciles, Perrin, coll : "Pour l’Histoire", novembre 2011, 290 p. - 22,00 €.
Lire également la critique de Histoire des conclaves du même auteur.
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