Yves Chiron, "Histoire des conciles" : une histoire vivante et accessible de l’Eglise

Les conciles sont indissociables de l’histoire de l’Église catholique, car ils marquent les étapes de son évolution. C’est lors de ces assemblées que s’élaborent et se ratifient les dogmes, se construit l’assise de la foi d’aujourd’hui.

Les conciles sont de trois types. Le concile provincial qui rassemble les évêques d’une même région ecclésiastique ; le concile plénier qui réunit les évêques d’un pays ; et le concile œcuménique, ou universel, qui mobilise les évêques de l’oikoumené, c’est-à-dire de l’ensemble de la terre habitée. C’est ce dernier genre de concile qui fait l’objet du présent volume car les décisions prises lors de ces réunions s’imposent à l’ensemble de la chrétienté.

Si le premier concile, au sens orthodoxe du terme, est celui de Nicée en 325, il y eut, précédemment, d’autres assemblées dénommées synodes pour fixer les premières règles d’une religion naissante dans les larmes et dans le sang. La toute première réunion, connue depuis sous le nom du concile de Jérusalem, s’est tenue en 49, soit une quinzaine d’années seulement après la mort du Christ. Il fallait définir si les nouveaux chrétiens, venant du paganisme, devaient relever de la loi de Moïse et respecter les obligations du Judaïsme.


Ce n’est que lorsque le christianisme fut toléré, puis devint religion d’État, sous l’empereur Constantin, que se convoquèrent de larges assemblées pour édicter quelques règles et vérités. Mais, il fallait définir, de façon universelle, la divinité du Christ, sa place dans la Trinité, le rôle de Marie et son titre de « Mère de Dieu ». C’est lors de Nicée I, en 325, que sont déterminés les dogmes. C’est à ce concile que sont couchées, noir sur blanc, les premières règles, ou canons, au nombre de vingt, qui concernent essentiellement l’organisation du clergé, dont la fameuse interdiction absolue : « ...à tous les membres du clergé d’introduire auprès d’eux une compagne. »


Ainsi, peu à peu, on voit émerger les doctrines sur la vénération des images, le culte des icônes, sur la modestie des clercs dans leur vêture, sur les monastères doubles accueillant à la fois moines et moniales... On remarque que des conciles reviennent sur des canons, en renforcent d’autres, selon une évolution de la société dans laquelle évolue l’Église.


Yves Chiron reprend ainsi, pour chacun des vingt-et-un conciles œcuméniques : « Le contexte historique de sa convocation, l’histoire de son déroulement, les grandes décisions doctrinales et décisions disciplinaires prises. » Il évoque les différents courants qui ont bouleversé la chrétienté, donne une synthèse instruite de chaque concile, conciliant la concision et l’érudition pour un éclairage de chaque concile. Il décrit les conflits, les impulsions, les échanges, les luttes pour le pouvoir entre Constantinople et Rome, pour s’assurer la suprématie sur le monde chrétien jusqu’au schisme de 1054 séparant l’Église, l’une prenant le qualificatif de catholique l’autre gardant celui d’orthodoxe.


Les thèses étaient nombreuses et contradictoires. Les excommunications et les exils allaient bon train dans ces conciles. Mais les hérésies n’étaient pas seulement des oppositions à la foi orthodoxe, (au sens de droit, correct), mais elles s’opposaient entre elles, perturbant les fidèles. L’auteur donne de multiples références, des auteurs et une bibliographie conséquente pour chaque concile, documentation qui permet d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.


On ne peut que se satisfaire de ce travail considérable qui éclaire le cheminement d’une religion vers ce qu’elle est aujourd’hui sachant que, pendant de très nombreux siècles, l’Église catholique, et donc son évolution, pesait sur la vie civile et sur celle de tous les habitants de l’Occident.


Histoire des conciles se lit comme un roman tant la prose d’Yves Chiron est limpide. La concentration de son propos, son esprit de synthèse offrent l’essentiel et donnent une vision nouvelle d’une large part de notre passé et de notre présent.


Serge Perraud

Yves Chiron, Histoire des conciles, Perrin, coll : "Pour l’Histoire", novembre 2011, 290 p. - 22,00 €.


Lire également la critique de Histoire des conclaves du même auteur.

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