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Géraldine Lay : s’aventuer dans le réel

Sous une forme de froideur ou plutôt de retenue la photographe Géraldine Lay ne cherche pas à faire bouillonner les fantasmes. Au pire elle s’en amuse et préfère plonger au cœur des villes pour suivre le monde tel qu’il est. Voir ces images c’est regarder un film lent où tout le monde galope, un film rapide où les choses bougent à peine. Le tout à la recherche d’un certain angle et d’une certaine lumière à l’appel du jour.

Il s’agit de refouler le refoulement sans chercher à choquer. Juste donner du grain à moudre au regardeur qui, par le plus simple, touche à l’essentiel en ce rassemblement des pierres blanches que les êtres sèment dans leur silence. Cela revient à balayer la poussière, à rendre la vie moins vieille. Oublier Palerme pour retrouver les paysages du Nord de l’Europe. Casser le silence mais sans un bruit dans ce qui tient de l’ordre de la caresse.

North End crée des suites d’errances qui dénotent toujours d’une prise particulière sur le réel et son étendue retenue par de petits pans d’attention aux autres. L’artiste sort  des enfers de Bosch, sans fixer de limites si ce n’est à l’impudeur. Des sanglots longs de l'automne ou de la pluie jaillissent les êtres et le monde tels qu’ils sont.
Et pourtant une transfiguration a lieu.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Géraldine Lay, North End, Actes Sud, septembre 2018, 96 p.-, 25 €

 

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