"Le siècle de Dieu" de Catherine Hermary-Vieille - un roman historique mais aussi féministe

On ne présente plus Catherine Hermary Vieille, la reine du roman historique, titre qu’elle peut du moins partager avec Juliette Benzoni, auteur entre autre Les années Trianon où elle nous plongeait au cœur du cercle enchanté de Marie-Antoinette. Avec Le siècle de Dieu, la « reine Catherine » nous emmène au cœur du Grand Siècle, un siècle pleins de contradictions entre ombre et lumière.

 

Anne-Sophie Le Tellier débarque à Paris de sa Bretagne natale pour épouser Charles de Vieilleville. Dans ses bagages, sa cousine Viviane. Sans fortune, cette dernière rejoint les Sœurs de la Charité. Alors que la première fréquente la cour et les salons parisiens, l’autre côtoie toute la misère de l’époque. Toutes les deux sont pleines d’espoirs et vont aller de désillusion en désillusion. Le mariage d’Anne-Sophie se révèle être un fiasco, son amant la compromet dans l’affaire des poisons, son second mari est impliqué dans les cercles de dévots. Quant à Vivianne, elle doit prendre sur elle pour faire face à la misère des orphelins recueillis par les Sœurs, sa fille adoptive fait une fugue et se convertit au protestantisme et sa foi est mise à rude épreuve face à l’intolérance de l’époque. Deux vies, deux destins, deux femmes qui s’efforcent de connaître l’amour soit humain soit divin.

 

Catherine Hermary Vieille a le don de faire revivre des époques historiques lointaines en mêlant fiction et réalité : Charles, le premier mari d’Anne-Sophie meurt en Louisiane où il accompagnait Cavalier de la Salle, Anne-Sophie fréquente Mme de Montespan et se retrouve mêlée à l’affaire des poisons tandis que Viviane correspond avec Jeanne Guyon, les deux femmes assistant à la querelle opposant Bossuet et Fénelon. Elle ne se limite pourtant pas au monde des courtisans, au Roi Soleil et au château de Versailles, dont elle souligne l’inconfort d’ailleurs. Non, Catherine Hermary Vieille a fait ses recherches et dresse un portrait terrible de Louis XIV, celui d’un mégalomane intolérant qui révoque l’Edit de Nantes, anéantit le jansénisme et le quiétisme, un roi qui laisse son pays exsangue à force de guerres. Parallèlement, on redécouvre la richesse intellectuelle de l’époque, des salons de Mme Scudery ou de Ninon de Lenclos. Ces deux femmes, Anne-Sophie, Viviane, Marie-Aimée, autant de femmes qui sont au cœur de ce roman qui en plus d’être historique peut aussi être qualifié de féministe. En effet, ce sont des portraits de femmes qui sont dressés par l’auteur au cœur d’un monde d’hommes, conçu et pensé par ces derniers.  Chacune a sa manière cherche à s’émanciper de leur tutelle pour atteindre son objectif.

           

A travers l’histoire de cette famille et surtout de ces femmes, Catherine Hermary-Vieille fait revivre ce Grand Siècle dans ce qu’il a de meilleur et de pire, un siècle charnière qui voit d’édifier toutes les bases de la Révolution.

 

Julie Lecanu

 

Catherine Hermary Vieille, Le siècle de Dieu, Albin Michel, février 2013, 357 pages, 20,90 euros.

           

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