Melanie Manchot : portraits d'ici et d'ailleurs

Chaque portrait est une approche, une attente. En émerge une montée par amorce de l’ouvert. L’artiste nous plonge donc bien dans le monde muet de l’injonction. La trace devient énergie sourdement incorporée par la puissance et la rapidité du geste. Une joie demeure puisque se retrouve un monde de la présence et de la gestation. Celle ou celui qui le contemple s’appuie sur l’empreinte d’une multitude fractionnée au sein de divers lieux -  de Moscou à Londres mais ce ne sont là que deux des repères géographique de la photographe.
Elle sait qu’il ne faut pas chercher dans ses prises le rapprochement d'un "original" mais  trouver sa mutation.  Elle sait aussi que seule une “ beauté ” peut nous l’indiquer au moment où l’image  est comme démontée, démembrée afin que son langage parle autrement.

D'où cette rupture et cet épanouissement, cette  mutation formelle.  La photographie  n'est plus le miroir de nos fantasmes ou la simple représentation de la réalité.  Du réel reconnu l’artiste entame un déplacement analgésique. Accepter la beauté demande de s’arrêter pour vivre un moment avec celle-ci.

Or, et dans l’art contemporain, peu de créateurs  le proposent.  
Mélanie Manchot est de ceux-là.  Elle accepte ce défi, ose se battre avec la forme, la couleur, le contour, le volume, le mouvement, l’extase et tant d’autres signes à démêler. Elle comprend de manière instinctive  qu’en se détachant du beau et à trop coller au réel la photographie  fait fausse route, se vide de sa substance.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.