Sophie Djorkaeff : tout ce qui manque

Pour  Sophie Djorkaeff la vie est un échiquier avec jeu de dames. Tout s'y organise en (beaux) fragments de vie personnelle ou générale. Elle y mélange l’irrémédiable et la perte ou au renouveau de la puissance. Plus particulièrement celui du désir et de l’écriture. Elle sort ici de l’évidence trop simpliste. L'auteure sait en effet que l'épreuve poétique doit créer et paradoxalement certains évidement pour éviter des évitements.
C'est en ce sens que l'écriture  porte en elle la faculté d’attester du réel et d'un ça a été (Barthes) et ses manques qu'il faut subsumer pour recouvrer une identité dans des sortes d'amours plus ou moins bien équilibrées. Mais ce qui compte c'est que quelque chose avance là où le jeu de l'épars disjoint fait le jeu de l'unité.
On peut le nommer restance : à savoir un acte de figuration au sein même de l’intensité et du noyau innommable autour desquels tournent la vie. Le travail d’écriture ramène à un immense cube d’air frais  dans vertige de la proximité, le plus intime comme dans le monde en sa distance.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sophie Djorkaeff, La pyramide du manque, Atelier de l'agneau, décembre 2023, 76 p.-, 16€

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