Ramuntcho Matta : à corps et à cri

Avec Ramuntcho Matta (fils du peintre chilien) la langue comme la photographie (et ce qu’elles dévoilent) risquent la peine capitale. Les syllabes en émoi, les corps diversement harnachés finissent  par y ramener des épouses toute neuves  pour  le réel. S’éprouve un vrai plaisir de sybarite à se laisser troubler de mystérieux portraits pour voir dans l’échancrure de la nuit de drôles d’  « oiseaux ». Ailleurs le verbe prend les tonalités  de l’espoir des  papillons du soir et de l’acier électrique que l’artiste cultiva dans son rock alternatif. Ses mots sont en avance et d’autres en retard. Ils sont parfois à l’heure. Mais jamais à la même heure. Ils multiplient la  syntaxe en coupures. Quant aux hybridations que les photographies-citations proposent elles mélangent les temps avec humour et un détachement particulier. Elles font de la terre une sentinelle dévergondée tant ce qui s’y passe nous dépasse pour nous saisir et nous amuser. Fidèle à l’humour surréaliste de son père, le fils prodigue - sans se prosterner aux pieds de son géniteur - le ranime à sa main : images et mots libres dans leur farandole folle s’envolent afin que la pensée vagabonde.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Ramuntcho Matta, "Pickpocket" et "Bonjour, bonjour", Editions Derrière la dalle de bains, Rouen.

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