"Le livre : que faire ?" Un collectif des éditions la fabrique y répond

Quand un libraire, un éditeur-traducteur-poète, un spécialiste des nouvelles technologies, des écrivains, une bibliothécaire, un diffuseur et un directeur de revue réfléchissent sur l’avenir du livre, il y a fort à parier que cela va cingler. En effet. Il semble qu’à trop larmoyer on va finir, non pas par sauver le bébé, mais à le noyer. Certains le jetteraient bien avec l’eau du bain. Mais entre les deux extrêmes, il convient de remettre les pendules à l’heure. C’est ici chose faite. Avec panache.


Alors que faire ? Commencer par demander à l’État de reconnaître que les libraires et les éditeurs contribuent à remplir une mission de service public parce qu’ils participent à la mise en œuvre et à l’approfondissement d’une démocratisation culturelle exigente. 

L’on doit aussi admettre que l’industrialisation massive et les effets de concentration - côté production et diffusion - sont en train de modifier la société. Le marketing a nivelé les repères. Dans les années 1980, on avait encore la littérature qui s’opposait aux best-sellers. Désormais tout est brouillé. Comme le phénomène Houellebecq l’a démontré : la notion de valeur littéraire et celle de marchandise se sont soudain trouvées mêlées de façon inextricable. Ce processus est en train de détruire l’édition et la librairie indépendantes...


Il faut aussi reconnaître que la concurrence du Net et du livre électronique, désormais au point, portent un préjudice. Mais n’oublions pas la première cause des difficultés du livre indépendant. La concentration de la presse et de l’édition. Sans précédents ni équivalents dans d’autres pays ! L’étau se resserre donc. Hyperproduction. Puissance de la prescription médiatique. Décrépitude de la critique de livres.


Le présent ouvrage est un livre collectif qui apporte des embryons de réponses. André Schiffrin suggère de nouvelles formes d’édition pour que les petites structures ne soient plus menacées par les banques. Francis Combes propose une conception du droit d’auteur qui permettrait à ceux qui tentent de vivre de leur plume de ne plus être assimilés à de petits commerçants. Jérôme Vidal expose ce que pourrait devenir l’aide publique. Roland Alberto parle des forces et faiblesses d’une librairie. Frédéric Salbans démontre la nécessité d’une diffusion indépendante à côté des mammouths du secteur. Hélène Korb explique comment une bibliothèque municipale devrait aider les petits éditeurs et les libraires du quartier. Enfin, Joël Faucilhon étudie l’impact du Web et des nouvelles technologies, et comment ils peuvent servir à l’indépendance du livre.


Le résultat n’est ni un traité. Ni un manuel. Simplement, une boîte à outils. Comme dirait Michel Foucault. Une boîte avec des outils pour les artisans que nous sommes. Nous tous : écrivains, éditeurs, critiques... Nous qui faisons profession de nos mots.


Annabelle Hautecontre


Collectif, Le livre : que faire ? (contributions de R. Alberto, F. Combes, J. Faucilhon, E. Hazn, H. Korb, F. Salbans, A. Schiffrin, J. Vidal), La Fabrique éditions, janvier 2008, 95 p. - 12,00 €


Cette chronique a également été reprise par l'e-magazine lemague.net.

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2 commentaires

quand je pense qu'ils nous font tout un patakesse avec leur livre numérique ; mais qui a réellement lu avec cette daube entre les mains, hein ? qui ? c'est immonde le livre sous verre, quelle perte d'identité, quelle folie...

Comment lisaient nos anciens ? Comment liront nos enfants ?

C'est une question récurrente, mais les deux formats ont la possibilité de vivre ensemble. La question est simplement : lire !
Le débat du numérique a été le même avec le monde de l'imprimerie, et aujourd'hui c'est une affaire réglée.
Sur le sujet, lire Libres enfants du savoir numérique aux éditions de L'Eclat (en papier et ebook)