Hérode, un monarque multiculturel

Une historienne des religions

Professeur à l’INALCO puis à Paris IV Sorbonne, Mireille Hadas-Lebel a beaucoup travaillé sur les liens du judaïsme avec le monde hellénique et romain dans l’antiquité et ce dès un de ses premiers ouvrages, Jérusalem contre Rome (Cerf, 1990). On lui doit également des biographies plutôt réussies de Flavius Josèphe (Fayard, 1989) et du philosophe Philon d’Alexandrie (Fayard, 2003). Elle consacre ici un livre au roi Hérode, dit le grand, à la réputation plutôt sombre si on suit les traditions juives et chrétiennes.

Le prototype du roi-client

A travers cet ouvrage, on découvre un personnage assez complexe. Membre d’un peuple (les Iduméens) récemment converti au judaïsme par la dynastie des Hasmonéens, Hérode réussit à devenir roi d’Israël. En quête de légitimité, il épouse une hasmonéenne, Salomé, qu’il finira par faire mettre à mort… Au-delà d’une vie privée tumultueuse et de ses démêlés familiaux, ici très bien expliqués, Hérode apparaît comme le roi-client par excellence, intégré au monde romain et cultivant des liens personnels avec ses dirigeants. Il voit ainsi défiler Marc-Antoine, puis Octave-Auguste et sait s’attirer leur soutien, essentiel pour diriger un pays qui est un semi-protectorat de Rome. On découvre aussi qu’Hérode fut un roi bâtisseur, ici digne héritier des monarques hellénistiques tout en restant attaché à l’identité juive de son pays.

À travers ses multiples « identités », la figure d’Hérode se révèle passionnante et on ne peut que recommander cette biographie.

Sylvain Bonnet

Mireille Hadas-Lebel, Hérode, Fayard, mai 2017, 368 pages, 22 €

 

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