Rûmi : dieu de demi-dieux

Rûmi (aka Jalâl al-din Mohammad Balkhi – 1207-1273) est un des plus grands poètes de la littérature persane et une des voix majeure de la poésie mystique universelle. Prenant à 24 ans la suite de son père dit le sultan des savants, il devient un maître spirituel suivi de centaines de disciples. Il rencontre le derviche errant Shams de Tabriz (Soleil en religion) en 1244. C'est lui qui le transforme en génial poète mystique.
Son prénom, Djalal-el-din, signifie majesté de la religion. Il reçut très tôt le titre de notre maître qui est devenu intimement lié à l'ordre des Derviches tourneurs. L'UNESCO a proclamé l'année 2007 année en son honneur, pour célébrer le huitième centenaire de sa naissance.

Ce volume offre cent poèmes extraits du Livre de Shams de Tabriz. Les textes sont un traité de sagesse qui tente de couvrir toutes les "raisons" de sacrifier à la transcendance et célèbre l'amour comme voie de l'absolu.

Rûmi parvient à exprimer la transformation spirituelle par une poésie intense. Il insiste sur la transmutation des sens corporels et non pas sur leur effacement. Parfois il conseille de les ignorer en les taxant d’être incompatibles avec la démarche mystique et l’Union au Bien-Aimé divin. Parfois, sans les rejeter il insiste sur la coexistence et la collaboration entre deux domaines à priori antithétiques.
Mais, au bout du compte, il donne la priorité aux sens spirituels. Il affirme : Laisse vaguer ton esprit, et puis sois attentif. Bouche tes oreilles, et puis écoute .

Dans ce livre se découvrent des descriptions minutieuses des états d’âme d’un mystique sous l’extase et même par les termes qu’il utilise pour les décrire en une poésie est pleine de métaphores synesthésique. Mais, les textes sont également constellés des contes et récits et parfois même de récits dans les récits beaucoup plus crus. 
Mais Rûmi a néanmoins  porté la poésie mystique persane à son apogée et a montré le chemin aux poètes musulmans (mais pas seulement)  des siècles suivants.
 

Jean-Paul Gavard-Perret


Rûmî, Cette lumière est mon désir Le Livre de Shams de Tabrîz, traduit du Persan par Jean-Claude Carrière,Mahin et Nahal Tajadod, Poésie/Gallimard, novembre 220, 336 p.-, 9,50 euros

 

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