Le fantôme de la mer blanche

Ingrid vit seule sur son îlot. Rudesse de l’hiver. Cruauté de la chasse. Quotidien rythmé par le temps. Routine des actes de survie. Seule la soirée devant le poêle renvoie à une forme de civilisation. Nous sommes en novembre 1944. Les Allemands sont encore bien présents. Un jour suit un autre jour blanc. Sur une terre blanchie de neige. La brume, la mer blanche, le ciel blanc…
Quand des bruits suivis de la découverte de traces de pas ne laissent plus de place au doute. Ingrid enquête, fait le tour du ponton. Du rivage. Du hangar à bateaux. Des corps démembrés sont rejetés par la mer. Un raid aérien la veille lui revient à l’esprit. Quand un rescapé surgit, à moitié mort de froid, à moitié brûlé. Elle va le soigner, le nourrir et l’aimer. Il est russe, ex-prisonnier sur le MS Rigel.

Une patrouille de routine découvre Ingrid évanouie dans sa cuisine. Elle est hospitalisée. Alexander volatilisé. Une chambre blanche. Un médecin bienveillant l’interroge mais ne croit pas à son histoire. Sauf que son corps semble dire le contraire. Ses seins grossissent, deux mois de retard…

Ancré dans le monde impitoyable des marins du Nord de la Norvège, ce roman pittoresque chamboule les certitudes sur le destin des femmes. Tout en peignant la dureté du quotidien. La solidarité des gens. La cruauté de la guerre. Et ce fils invisible, fantôme émotionnel, qui semble retenir certains personnages à un dessein supranaturel. Comme une sensation paranormale qui brûle en eux. Une quête d’un possible. D’un meilleur malgré la réalité. Une force nommée amour ?

 

Annabelle Hautecontre

 

Roy Jacobsen, Mer blanche, traduit du norvégien par Alain Gnaedig, Folio, mars 2021, 304 p.-, 7,50 €
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