L’aventure ou rien. Autofiction d’une enfant gâtée. Voilà Violaine, réfugiée affective à New York. Son père est trop riche. Trop coureur de jupons : trois femmes et huit enfants. La dernière, la mère de Violaine, est folle à lier. Une parvenue qui a grillé tous ses fusibles dans l’ascension sociale. Angoissée à l’extrême, fumant comme un pompier, elle tient le cap entre deux séjours en clinique grâce à l’amour de ses deux filles. Mais elle les étouffe. D’où la fuite aux États-Unis. Un flirt et un grand amour plus tard, c’est la rupture de trop. Pour oublier tout ça, direction le Sahara. À l’improviste, sans réfléchir. Sans réservations, sans plans, sans repère…

Vu comme cela, le pitch est banal. Or la littérature est magique. Ce qui fait la différence entre le divertissement (Netflix ou Marc Lévy) et le cinéma ou la littérature, c’est la qualité narrative ! Le style. Et c’est là que Violaine Huisman entre en jeu. Sorte de Saramago féminine, elle tisse une toile électrique qui capture dès les premiers mots. Les dialogues sont lissés dans la trame, tout est compris dans le flux des phrases. Mais comme l’illustre Portugais, la musique et le rythme font la différence. C’est virevoltant. C’est décalé. Les protagonistes s’expriment de plusieurs manières. Pensent, agissent, vivent dans la même phrase. C’est magique. C’est poétique. Cru parfois, sexuel mais non pornographique. C’est dense, c’est libre. C’est une femme du XXIe siècle, et tant pis si cela casse les codes. C’est maintenant que cela se passe. Comme quoi la littérature est bien témoin de son temps. Et la belle écriture n’est pas réservé au monde d’avant.

Ouvrez le livre. Prenez une respiration. Plongez. Vous y êtes, avec nous. On partage cette pulsion de (sur)vie. On doute. On découvre. On savoure. Un grand roman épique contemporain. Chose assez rare pour en parler. Objet d’une grande valeur à petit prix. Un indispensable pour accompagner le retour à la vie normale. 

Annabelle Hautecontre

Violaine Huisman, Rose désert, Folio, juin 2021, 268 p.-,  8,10 €
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