Le street art particulier d'Achbé

Ecrivains et auteurs Achbé

De son vrai nom Claudie Baudry, l'artiste a choisi Achbé comme nom de "guerre". Ce se sont les initiales de son mari HB disparu en 20017 d'une crise cardiaque sur le même trottoir où elle inscrit désormais ses propres cris en signes de mémoire et d'appel vers celui qui les voit de son paradis.

Elle s'est donc lancée très tard dans le street-art le plus éphémère qui soit. Dans sa cinquantaine elle s'est emparée de la craie pour inscrire sur les trottoirs de son quartier du XVIIIe parisien ou lors de ses voyages des slogans directs : "Ces phrases sortent de mes tripes. Si on les reprend, je veux qu'on me cite. C'est comme si on me volait mon bébé." Afin de sauver ses mots elle les photographie.

Au début elle s'est contentée d'inscrire en une belle écriture appliquée et comme enfantine sur le trottoir de sa rue en pente et au-dessous de Sacré-Coeur un "ça monte" en clin d'oeil aux touristes essoufflés grimpant vers la cathédrale. Ses voisins ont bien ri et l'ont encouragé à poursuivre.

Depuis elle lâche les mots qu'elle avait retenu jusque là.Elle écrit de manière quasi quotidienne ses pensées slogans et poèmes souvent en résonances avec l'actualité. Après la mort de Simone Veil elle a écrit "Simone s'éteint, les femmes restent en Veil". Cette phrase a été relayé plus de100.000 fois sur Facebook . Acbé y a acquis une popularité certaine.

"Quand tu ne crois en rien, tu perds Noël" ou "A midi, l'idole déjeune avec Jean" (après la mort de Jean d'Ormesson et de Johnny Hallyday) sont des formules qui prennent toute leur force de visu. D'où la nécessité de ce livre.

Existent dans cette pratique première, la vie et ses évènements, ses problèmes (exil, écologie, féminisme, etc.) et aussi les révoltes d'une écorchée vive qui par l'humour de ses phrases chocs crée un art aussi brut qu'incisif. Cette "voix" sur la voie publique impose une poétique pour piétons de Paris et d'ailleurs.

Jean-Paul Gavard-Perret