Abigail Assor : l'espoir. Et après ?

C'est dans le Casablanca des années 1990  que Sarah  rencontre Driss. Il a tout  et fait partie du clan de la colline des nantis. Elle, à l'inverse, ne possède rien et appartient au faubourg le plus pauvre de la ville."Rien" n'est pas totalement juste. L'héroïne possède  sa
beauté. C'est son arme pour séduire Driss et l'épouser afin de sortir de son milieu et de sa condition.

S'en suit une course à travers la ville, ses tensions. Il y à la les riches qui s'exhibent,  les prostituées qui avortent dans des arrière-boutiques, les murmures faussement scandalisés, les petites bonnes harcelées, les flics, le  haschich, l'équipe de foot de la ville  et l’envie d’aller ailleurs. Cet ailleurs si proche qui  reste si  loin.
Driss  fait miroiter  devant Sarah l'impossible. "Avec son fric, il n’y aurait plus jamais de flic, plus jamais de lois - ce serait eux deux, la loi. » pense-t-elle. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres même lorsqu'elle offre les siennes.  Et le roman oscille entre le brûlant et la glaciation.  
 
Du réservoir du monde qui entoure ses personnages l'auteure ne conserve que des lignes de force à la recherche d’un langage métonymique éloigné des métaphores redondantes.
Des mouvements dialectique d'une telle fiction,  l'écriture devient la caisse de résonance. La culture populaire et le luxe  s’y croisent. Elles donnent lieu à des hybridations pour le moins étonnantes. En  ce tangage du monde la créatrice reste capable de produire une unité et une dissémination. Se croisent et s’entrecroisent des harmonies et des dysharmonies et demeurent bien des navettes entre leurs frontières afin que les idées comme les images toute faites claquent.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
 
Abigail Assor, Aussi riche que le roi, coll. Blanche, Gallimard, janvier 2021, 298 p.-, 18 €
Lire les premières pages...

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.