Gérard Le Gouic : la foi de l’incroyant

Les Exercices d’incroyance de Le Gouic sont constitués de distiques. Le titre indique qu'il s'agit là d'une somme athéologique. Pour autant l'auteur ne fait pas dans la théorie spéculative. Il poursuit sa quête de l'existence  humaine et de son sens dans ses chemins de simplicité et de traverse.

En dépit de son ignorance de Dieu, l'auteur semble hanté par sa possible présence que souligne une cinquantaine de murmures et prières minuscules rédigés jouir après jour comme une liste de commissions.
Poésie vivante, ces distiques restent encore ceux d'un âge de l'avenir et de la découverte – sans cesse reprise – de ce qui fait l'existence à la fonte des blés jusqu'en bord de feuillus océans entre les jours et les marais.

Nous ne somme pas très loin ici d'un autre poète breton : Georges Perros. Comme lui Le Gouic ne se paie pas de mots. Les textes peuvent sembler insignifiants mais pourtant ils touchent. Car à leur manière ils luttent contre l’anéantissement.
Une foi existe donc. Car demeure une espérance mais dans l'ici-même au moment où le poids de la vie passée donne toute sa force à ce que le poète exprime au sein des incertitudes de son cadastre intime. 

Gérard Le Gouic cherche à comprendre ses propres doutes. Les secousses de la vie prennent ici un tour particulier. Il n'y a rien d'aisé dans cet acte d'humilité : l'auteur lutte contre la dévoration du temps afin que celui qui lui reste ne soit pas à supporter mais porteur encore d'une ultime sagesse.


Jean-Paul Gavard-Perret

 

Gérard Le Gouic, Exercices d’incroyance, Gallimard, juin 2021, 80 p.-, 12 €
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