Laura Lindstedt : ce que "ça" cache

En 1995, Laura Lindstedt passe son baccalauréat préparé au lycée Linna de Kajaani. En 2002, elle obtient un Master en littérature de l'Université d'Helsinki. Elle étudie aussi la philosophie, le français, l'histoire de l'art et la sémiotique. Son sujet de thèse est" Mots entre la vie et la mort. L'antinomie entre la parole et l'écriture dans les ouvrages Les Fruits d'or et Le Silence de Nathalie Sarraute.

En son premier roman Oneiron sept femmes qui ne se connaissent pas se retrouvaient dans un endroit étrange. Où tout est blanc et où le temps s’écoule différemment. Elles ne partagent pas la même langue ni la même culture mais toutes se posent les mêmes questions : où sont-elles et comment sont-elles arrivées là ?

Chacune va raconter son histoire, dévoilant peu à peu la raison de sa présence. Elles parviennent à communiquer et à se mouvoir, sont-elles pour autant encore vivantes ? Laura Lindstedt livre sa propre vision de ce qui survient après la mort. En résulte une expérimentation littéraire extravagante et déroutante, brillante et captivante.

Dans ce deuxième roman elle se concentre sur une seule personne : Natalia. L'héroïne commence une thérapie pour résoudre les obsessions qu’elle connaît dans sa vie sexuelle : Natalia commença donc à exposer ce qui la tracassait. Ses amants constituaient son problème le plus toxique, en même temps qu’ils étaient le sel, le sucre, le massepain, l’umami de sa vie. Mais elle refuse les règles classiques d’un traitement psychologique.
Les séances de "soins" mêlent art, philosophie, littérature, souvenirs d’enfance, méditations calligraphiques et expériences érotiques comme méthodes de traitement.

Peu à peu cette psychothérapie hors de ses gonds portent ses fruits. Natalia se libère. Trop peut-être. À travers elle l'auteure analyse avec impertinence avec subtilité les stéréotypes du soignant et du soigné, les rapports de forces et ceux de genre et d’identité. Et là où l'héroïne écrit sa sa propre autofiction, Laura Lindstedt pousse à s'interroger sur tout ce qui se cache lorsque  tout est montré et tout ce qui ne se dit pas lorsqu'un être (une femme en l'occurrence) s'écrit.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Laura Lindstedt, Mon amie Natalia, traduit du finnois par Claire Saint-Germain, coll. Du monde entier, Gallimard, septembre 2021, 208 p.-, 20 €

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