Afin de saluer C. E. Gadda, Philippe Bordas, se transformant en petit gars des banlieues, devient un vrai lecteur et s’affirme écrivain en un vagabondage biographique de l'alter ego – quoique moins reconnu – de Joyce, Proust, Céline, Kafka.
En l'honneur de celui qui introduisit les langues "vulgaires" du peuple transalpin à  la grande langue des classiques italien, son texte devient tout autant une aventure policière, un testament amoureux mais aussi l'autobiographie de Bordas hanté par Gadda depuis ses vingt ans. En un flot d’images qui accompagne cette odyssée de Paris vers Milan et Rome, de Moscou vers Nairobi et Cythère, la narration suit son cours et ses dérives.
Les portions de vies retenues se dépouillent de tout superflu. Reste cette épopée flamboyante  où tout  flotte et s’envole avec l’intensité de la suggestion. Et ce loin des schèmes admis afin de théâtraliser deux destins croisés par et pour la force de la littérature.

Jean-Paul Gavard-Perret

Philippe Bordas, Le célibataire absolu. Pour Carlo Emilio Gadda, Gallimard, septembre 2022, 432 p.-, 30€