Dans les deux romans republiés en une nouvelle traduction dans la Pléiade, la ruralité anglaise d'hier – trouve une proximité avec la campagne continentale de la même époque...
Midlands peuvent faire penser parfois au Jura, à l'herbe humide de ses pâtures et les profondeurs des bois. Pour autant les lecteurs français boudent l'œuvre : d"où la nécessité de cette édition.

En ces romans, les données rurales et la nature prennent parfois la fiction en charge. Si bien que le monde peut être perçu à différentes échelles là où il est question de sciences et de connaissances mais aussi d'un niveau tout simplement perceptif et poétique. Et ce, – plus particulièrement  dans Middlemarch – au sein d'une multitude de personnages sources de récits latents ou développés.

Adepte de l'érudition et de la perfection George Eliot transforme de ce fait  le roman en un puits de culture à nombreuses sources. Elle fait revivre le monde à partir parfois d'un presque rien là où les personnages ne sont jamais de simples fantômes. Leurs expériences y sont décrits avec brillance et précision.
La médiocrité (parfois) des situations est métamorphosée par la grandeur de l'expression dans – et entre autres – le roman cité et musicien qui commence par un prélude et finit par une cauda. L'ensemble devient une "épopée domestique" comme l'auteure le rappelle. Changer le monde passe ici par des principes actifs et concrets et dans un projet éthique où l'amour est au service des relations sociales. Le but est d'humaniser le monde – et comme elle l'écrit au sujet de ses personnages – par et pour  "un surcroit de dignité".

Jean-Paul Gavard-Perret

George Eliot, Middlemarch précédé de Le Moulin sur la Floss", traduit de l'anglais par Alain Jumeau (éditeur de l'édition) et Sylvère Monod, préface de Nancy Henry et George Levine, avec deux essais de Mona Ozouf, coll. "Bibliothèque de La Pléiade", Gallimard, septembre 2020, 1680 p.-, 63 € jusqu'au 31 décembre 2020