Interview. Gilles Paris, Le Vertige des falaises
J’ai
écris ce roman dès avril dernier, mois où j’ai assisté à la
projection du film de Claude Barras Ma
vie de Courgette adapté
de mon second roman Autobiographie
d’une Courgette.
J’ai vécu en parallèle deux aventures inouïes, le parcours de
cette petite Courgette à travers les festivals de Cannes, Annecy,
Angoulême puis dans le monde entier, et de Marnie, l’héroïne du
vertige des falaises. D’autre part, l’idée de faire grandir mes
personnages m’est apparue très vite comme un risque à prendre,
une urgence même. Ne pas être là où l’on m’attend.
Nouveau roman au bord de l'eau, cette fois-ci vous imposez le climat d'un huis-clos dans un vaste espace qui hurle la liberté. Quel est le poids du décor dans votre roman ?
Glass,
la maison en verre et en acier est plus qu’un décor, c’est un
personnage à part entière, aussi opaque, parfois transparent, et
dur comme les femmes de ce roman à qui les hommes n’épargnent
rien. Je me suis inspiré de ces constructions des années 60 qui ont
révolutionné l’architecture en Californie.
Votre roman nous transpose dans une ambiance assez sombre, et inhabituelle pour vos lecteurs. Un nouveau Gilles Paris plus hitchckokien avec sinon une enquête du moins une ambiance et un mystère ?
En
effet, moins d’humour, plus sombre comme un roman noir, avec
toutefois un personnage résilient qui avance malgré tout,
l’intrigante Marnie qui en sait trop. Une sorte d’hommage aux
films d’Alfred Hitchcock, particulièrement quand il adapte Rebecca
de Daphné du Maurier. Prudence, l’intendante, rappelle d’ailleurs
la Mrs Denvers de Rebecca…
Votre mystère est d’autant plus fort qu’il est sous les yeux de tous et pourtant bien caché. Comme Barrès parlait d’un "mystère en pleine lumière". Comment avez-vous travaillé votre écriture pour atteindre un tel résultat ?
Le
style est venu naturellement, des chapitres plus courts, l’envie de
tenir le lecteur en haleine. Je souhaitais une longue chute,
distiller les révélations sur une centaine de page, avec le désir
que le lecteur s’arrête à chaque révélation et se dise "oh
non !", et qu’il ne soit pas au bout de ses surprises.
Je pensais aux diaboliques dénouements des romans d’Agatha
Christie qui elle aussi semait de nombreux petits cailloux avant de
révéler l’invraisemblable. Et bien sûr aux premiers films de
Night Shyamalan, Sixième
sens
et Signes,
deux films très évocateurs.
Dans L'été es Lucioles, vous écriviez : "Grandir, un drôle de verbe." On retrouve cette vérité dans "le Vertige" mais avec une composante nouvelle : Marnie toute petite qu'elle soit est déjà une grande, dans ses attitudes et ses paroles. Est-ce votre "enfant enfoui" qui grandit lui-même ?
C’est
ma part d’ombre que j’avais très envie d’exprimer. Enfant,
j’ai planté un compas dans le dos d’un autre élève qui
m’agaçait. Je suis plutôt d’un naturel optimiste, presque naïf
par moment, mais je cache une certaine violence derrière mes
sourires et mon air altruiste.
Il y a décidément quelque chose de pourri chez les adultes pour vous. Vous a-t-on diagnostiqué un syndrome de Peter Pan ?
Personne
n’est conçu en un seul bloc, et d’un moment à l’autre tout
peut basculer. Je garde en moi cette part d’enfance comme un
bouclier devant l’adversité, j’ai un monde intérieur très
riche qui me protège, mais je sais que je suis capable de tout. Du
meilleur comme le pire. Et je suis loin d’être le seul.
Marnie est plus vieille que vos précédents personnages. Vous poursuivrez cette évolution dans votre prochain livre ?
Oui, absolument.
Je pars d’ailleurs fin juin en Italie pour démarrer mon nouveau
roman. L’amour sera au cœur de cette nouvelle histoire, sous
toutes ses formes avec beaucoup plus de personnages et vu du point de
vue d’une nouvelle adolescente, très différente de Marnie…
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