Mon amour, de Julie Bonnie : Fièvre épistolaire

Il s’appelle Diniski et est pianiste, comme son père. D’elle, on ne connaîtra que le nom qu’il lui donne, « ma fée ». Les amoureux viennent d’avoir un bébé, Tess, mais c’est déjà le temps des au revoir : prévue de longue date, une tournée se déroule à Prague, Berlin, Londres, puis aux États-Unis. Alors ces deux-là s’écrivent, avec fièvre, avec passion pour se raconter leurs sentiments et aussi leur quotidien. Celui de la jeune accouchée tourne autour du bébé, de ses pleurs, ses cris, du lait, du sang. Lui parle de musique, de ce père qui l’a abandonné à l’âge de 12 ans, de la drogue, mais pas des groupies qui parfois partagent ses nuits.

 

À partir de quand on trompe l’autre ? Quand on y songe seulement ou quand on passe à l’acte ? Pour le pianiste, qui compartimente sa vie, tout ceci n’a guère d’importance, bientôt ils seront réunis. Elle vit calfeutrée dans son baby blues, accaparée par ce petit animal tyrannique qu’elle a parfois du mal à apprivoiser, ce corps qu’elle ne reconnaît plus comme sien. Alors quand George, l’ami peintre s’immisce avec douceur dans sa solitude, tout ce qui semblait évident est remis en question.

 

Julie Bonnie, dont on avait aimé Chambre 2, prix du roman FNAC 2013, nous parle le langage universel de l’absence, des intermittences du cœur, de la fulgurance d’une rencontre. Renouant avec le style épistolaire, l’auteur joue avec sensibilité sur les émotions, au fur et à mesure que le drame s’avance, inéluctable. Fin et sensible.

 

Ariane Bois

 

Julie Bonnie, Mon amour, Grasset, mars 2015, 224 pages, 17 euros 

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