La Bataille de Stalingrad selon Pierre Montagnon : une synthèse claire et agréable

Pierre Montagnon est un ancien légionnaire né en 1931, mais il est connu aujourd’hui pour ses nombreux ouvrages d’Histoire sur l’empire colonial français et la deuxième guerre mondiale.


Pourquoi un énième Stalingrad 

Nos fêtons cette année le soixante-dixième anniversaire de la bataille de Stalingrad, tournant de la guerre sur le front de l’est. Pierre Montagnon ouvre le bal des commémorations avec un ouvrage sur la bataille. La fameuse collection d’histoire militaire l’a précédé chez les marchands de journaux avec une collection sur les combats importants du même conflit. On peut facilement se procurer en poche le livre d’Anthony Beevor sur le même thème. Quel est alors l’intérêt d’une énième production ? Tout d’abord, le livre de Montagnon est bien plus court et concis que l’énorme somme de l’historien anglais. Il nous décrit, à grands coups de serpe, les grandes étapes de la bataille sans sacrifier les épisodes légendaires qui l’ont marquée comme l’héroïque résistance de la maison Pavlov ou le duel entre le tireur d’élite Vassili Zaïtsev et le major allemand Konings immortalisés par le film de Jean-Jacques Annaud, Stalingrad - Enemy at the gates (2001). Si l’ouvrage est doté d’un index ad hominem, on regrettera, comme souvent, un nombre insuffisant de cartes, peu détaillées et renvoyées en fin d’ouvrage !

La percée

Hitler applique ses idées exprimées dans Mein Kampf, en se jetant sur l’URSS de son allié Staline, le 22 juin 1941. Il s’agit de s’emparer d’un immense espace vital (lebensraum) au détriment des « sous-hommes ». Son offensive arrive en bout de course aux portes de Moscou sans doute pour avoir atermoyé entre Léningrad et Kiev… Qui trop embrasse…
    
Au printemps de 1942, le führer change son axe d’attaque et précipite ses armées vers le pétrole du Caucase. La VIe armée du falot général Paulus progresse à gauche de ce formidable coup de faux à travers l’immense steppe et attaque la ville symbole de Stalingrad sur la Volga en juillet. L’aviation allemande transforme la ville en un champ de ruines propice à la résistance. Les soviétiques résistent de maison en maison, enrôlant même les civils dans la milice, usant rapidement les forces de la Vie armée. Les Russes s’accrochent à quelques mètres le long du fleuve. La 62e armée de Tchouikov est sacrifiée. Les efforts essentiels se concentrent ailleurs…
    
L’encerclement et la défaite

Le 19 novembre 1942, les Soviétiques lancent une double offensive et encerclent la VIe armée, ils s’attaquent aux alliés des Allemands (Roumains, Italiens, Hongrois) sous-équipés et démoralisés, qui couvrent les flancs. Hitler refuse de tenter une sortie et compte sur la promesse de Goering (chef de l’aviation du Reich) pour ravitailler la ville. Il est abusé par l’épisode de Demiansk, entre février et mai 1942, où 100 000 Allemands avaient pu être ravitaillés par un pont aérien. Là les hommes sont 250 000 et les besoins sont de 500 tonnes par jour. Cela ne sera jamais atteint, le temps et les progrès de l’aviation soviétique vont aboutir à une lente famine de la VIe armée. Hitler ordonne à Von Manstein de mener une offensive pour atteindre la ville, mais les moyens qui lui sont alloués sont insuffisants. Malgré une belle percée, il doit renoncer le 23 décembre, quand les Russes écrasent la VIIIe armée italienne.  Les malheureux encerclés agonisent. Paulus est nommé maréchal, et Hitler attend de lui qu’il se suicide. Paulus sombre dans la dépression et  le commandement effectif passe au général  Schmidt. Paulus se rend le 31 janvier et toute résistance cesse le 2 février. Sur les 91000 prisonniers, moins de 10% reviendront…
    
Une synthèse claire et agréable qui n’apporte pas d’élément nouveau mais est une mise au point utile. 


Didier Paineau 

Pierre Montagnon, La Bataille de Stalingrad, éditions du Rocher, janvier 2012, 200 pages, index, bibliographie, cartes, 19,90 euros

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