Sept gingembres bien légers

Je ne voudrais pas être rabat-joie, mais je partage l’avis de François Xavier sur le dernier livre de Reinhardt : y’en a marre des écritures vulgaires et pornographiques !
Franchement, je ne sais pas si c’est une question de génération, mais dès les premières pages, le narrateur ne peut pas s’empêcher de reluquer l’entre-jambe de son visiteur, d’imaginer son sexe, sa carnation, les poils qui le bordent, [il] pourrai[t] le branler, qu’il grossisse… Et ce pauvre inspecteur du travail ne sait pas que [le narrateur] bande doucement.
Messieurs, que n’avez-vous jamais lu des auteurs du siècle passé comme Céline, qui dans Mort à crédit s’encanaille mais avec une élégance autrement plus littéraire. Lisez Conrad, lisez Rushdie si vous voulez du contemporain, mais par pitié arrêtez de croire qu’écrire bite, bande, poils cela donne un quelconque cachet à votre écriture. C’est dépassé ! Has been et totalement insupportable, vous avez encore un train de retard, c’était à la mode aux USA en 1980, puis avec le Baise-moi si fameux, mais désormais c’est fini. Donc déjà, là, on a comme une envie de laisser tomber…

Et puis on ne voit pas l’intérêt de lire ce que l’on vit tous les jours au bureau. Ou dans la vie quotidienne ; oui, on a des vies de merde, avec des supérieurs des gros cons, des collègues des gros cons, les mecs sont nuls et ne pensent qu’à baiser, les filles des salopes qui ne pensent qu’à se trouver le mec à plumer et lui faire un gosse pour tenter de le tenir, rien de neuf, rien de nouveau. Oui il y a du harcèlement à chaque coin de rue et même dans les ONG, et alors ? Faut encore faire un livre la-dessus comme si on n'en avait pas assez, marre, ras-le-bol de cette société ?! Lire c'est du plaisir, c'est s'évader, ici c'est la prison ! Et ce n’est même pas dans la veine de 99 francs. On a l’impression de (re)lire un roman des années 1990-2000 et encore. Quant à l’idée d’un chapitre l’autre, je suis à l’asile, je suis à mon bureau, c’est tout aussi déjà vu… Christophe Perruchas n'est pas Frédéric Beigbeder.

Je sais, c’est toujours compliqué de faire de neuf avec du vieux, et plus le temps passe plus on a l’impression d’avoir tout lu ; or, cependant, on trouve quelques belles trouvailles dans cette rentrée 2020, preuve qu’il ne faut pas publier pour publier… Chers éditeurs, soyez humbles, soyez talentueux, soyez créatifs, osez des sujets neufs, des écritures décalées, faîtes-nous rêver, pas pleurer de lassitude…

Rodolphe

Christophe Perruchas, Sept gingembres, coll. La brune, Le Rouergue, août 2020, 224 p.-, 19 €

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