Les soldats de papier propose à la fois une enquête dans la folie meurtrière d'un pervers qui s'en prend aux jeunes appelés et une réflexion sur le poids du secret au sein de l'Armée. Chacune des deux facettes de ce livre est brillante, prenante et relance sans cesse l'intérêt du lecteur. La résolution du mystère va plonger le jeune enquêter à la fois dans la matrice du Mal, dans ses propres souffrances et dans un système qui se protège au péril de la vie de ses membres. Car Geoffroy a plusieurs ennemis : le criminel, les responsables de la sécurité qui s'opposent ouvertement à lui, le général qui l'a appelé mais qui fulmine dès que la thèse officielle est malmenée. Geoffroy se bat contre un corps constitué, non pas pour le détruire mais pour en extraire un élément malade, ce que les autres comprendront bien trop tard.

Le personnage de Geoffroy est agréablement travaillé, on sent avec lui ses peurs et la progression de ses découvertes, sa vie sentimentale et l'immense piège qui semble vouloir se refermer sur lui dès son arrivée, qui semble n'avoir été fabriqué que pour lui... Les autres protagonistes, eux aussi, sont complets, riches et passionnants.

Sur fond de conflit en Bosnie-Herzégovine, dont les combats jalonnent l'enquête et qui aura un rôle inattendu mais important, Les Soldats de papier est un très excellent  récit, tant par la qualité de l'écriture que par l'ambiance pesante qui ne cesse de croître, même quand on pense le dossier clôt !

Marc Charuel, Les Soldats de papier, Albin Michel, mars 2012, 457 pages, 21,90 eur

Lire également l'entretien de Marc Charuel avec Stéphanie des Horts.