La poésie lettriste de Liliane Giraudon

L'ambition des poèmes-dessins de Liliane Giraudon ne tient pas toutes ses promesses. Certes il y a de l'idée là où l'image tente de dire ce que les mots ne peuvent montrer et vice-versa. Néanmoins la nécessité d'un tel livre demeure aléatoire. Est-ce parce que – même si l'auteure est une écrivaine confirmée et son talent de graphiste est plus secondaire et parfois d'un "téléphonisme" douteux – qu'on pense par exemple à l'ovale rouge du poème vaginal.
À n'en pas douter Liliane Giraudon s'est amusée et veut rendre la pareille à ses lecteurs. Parfois cela fonctionne parfaitement, parfois beaucoup moins. Le tout certes ne mange pas de pain – même  lorsque le poème est toasté.
Néanmoins existent quelques belles surprise qui rappellent combien une telle auteure n'est pas n'importe qui. L'emploi des couleurs est par ailleurs jamais anecdotique au moment où la poétesse cultive une approche lettriste d'un genre particulier. Certains poèmes se veulent superbement subtils et plein d'humour dans leurs jeux de substitutions. Toujours est-il qu'ils sont devenus chez elle une seconde nature et un autre moyen de proposer une écriture et un graphisme expérimentaux.
Là où le silence pourrait advenir un glissement a lieu afin que la poésie dérape et c'est avant tout un plaisir.

Jean-Paul Gavard-Perret

Liliane Giraudon, La jument de Trois,  P.O.L éditeur, novembre 2023, non paginé, 18€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.