Le blanc est une couleur

 

Par incisions et coutures la peinture de Magali Latil  crée un monde étrange. De fragments recousus jaillit une typographie originale qui sort du simple registre de l’exquis. La subtilité du montage n’a rien d’une afféterie. Et une nouvelle lecture du  "textile "est donc possible.
Le minimalisme est à la base de l’orchestration blanche.

Ce ne sont plus ici des histoires qui sont montrées ou racontées mais plutôt leurs traces. L’idée est moins non d’identifier un ce qui est  mais d’identifier un "process" proche de l'effacement, sans qu’aucune réponse ne soit donnée à travers ce qui est présenté et non représenté.

Intéressée par les liens qui unissent les langages plastiques et littéraires, l’artiste collabore avec  des poètes contemporains tels que  Bernard Noël, Edith Azam, Ludovic Degroote, Erwann Rougé ou Jean-Louis Giovannoni. Et elle écrit plusieurs livres et textes sur la création…
Magali Latil ouvre toujours la porte à une relation d’incertitude, la seule qui peut convenir (et Platon nous l’a appris depuis bien longtemps) à l’être humain prisonnier de sa caverne et qui par son essence même est donc un être de fiction.

 

De la sorte la créatrice permet de désembusquer des pans de l’identité cachée en réponse à la fameuse remarque de Winnicot : Où se trouve l’identité sinon dans les images qu’on ignore.
A la recherche de constellations fondamentales, elle laisse apparaître des états intermédiaires entre ouverture et fermeture.

Tout se passe dans l’entre deux. Cela engendre une réflexion sur ce qu’il en est de l’humain en l’ouvrant sur la question de la perte au moment même où l’image elle même est traitée comme une perte, un découpage, un démembrement mais aussi une reprise selon divers effets de calques et "passés empiétésés".
Entre le jour et la nuit, un "visible" perdu, enfoui est retrouvé.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Magali Latil, La couture du blanc, Editions Remarque

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