Histoire du STO, un monde oublié

Un sujet à défricher

Ancien élève de l’Ecole normale supérieure et agrégé d’histoire, Raphaël Spina enseigne à l’université d’Aix-en-Provence. Il a participé en 2015 à l’ouvrage La France en chiffres de 1870 à nos jours, dirigé par OIivier Wiewiorka. L’Histoire du STO que Perrin vient d’éditer est en partie tirée de sa thèse La France et les Français devant le service du travail obligatoire (1942-1945), soutenue en 2012. D’emblée, on peut dire que cet ouvrage comble un manque de l’historiographie, tant le service du travail obligatoire est longtemps resté une zone d’ombre de l’histoire de l’Occupation.

Une étape de l’intégration économique de Vichy dans l’Europe allemande

À la lecture de ce livre, on est frappé par le degré de servilité du gouvernement de Vichy face aux nazis. Laval, pour satisfaire les exigences de Sauckel, fait édicter la loi du travail obligatoire, qui vient remplacer le service militaire dans un pays vaincu et où l’armée d’armistice est bientôt dissoute suite à l’invasion de la zone libre en novembre 1942. On est surpris de voir combien les français obéissent, l’auteur a beau jeu d’invoquer le légalisme des français habitués à obéir à un Etat centralisateur. Pour autant, le STO fabrique des réfractaires de plus en plus nombreux, soutenus par la population, qui finissent par rejoindre le maquis. Quant aux autres, partis en Allemagne, leur expérience de déporté du travail tardera après-guerre à être reconnu… Voilà une synthèse novatrice, très complète, qui vient préciser notre connaissance des années noires.

Sylvain Bonnet

Raphaël Spina, Histoire du STO, Perrin,  avril 2017, 576 pages, 26 €

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