Franco Fontana sait que les images fourmillantes ne constituent jamais un chant et encore moins un hymne. C'est pourquoi – à travers un regard qui sort du réalisme – les villes américaines trouvent un aspect presque abstrait.

Le photographe résiste à la réalité pour inventer une plasticité faite de pans de couleurs et de formes. Elle donne à ses émotions un sentiment de vide.
Les êtres semblent non seulement isolés mais comme  jetés sur terre  et ne peuvent avoir recours à un Dieu trop lointain pour faire leur salut – ce qui est un comble pour un artiste passionné par la métaphysique.

Les photographies deviennent des variations grinçantes mais belles sur la solitude. Ce sont autant de Mysticades (Daniel Dezeuze) particulièrement riches de sens là où deux niveaux ou plans sont toujours rapprochés entre continuité et opposition.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Franco Fontana, America, Éditions Contrejour, juillet 2021