Hard-core et féminisme : Marilyn Minter

 

Marilyn Minter est très clair sur son projet, et ce depuis des années : Je veux juste donner aux gens la permission de regarder du porno, d’en tirer du plaisir et de créer des images pour leur propre plaisir", écrit-elle et All Wet offre un regard érotique sur l’archétype de la baigneuse.
Toutefois ce qu'elle nomme porno échappe à ce que s'entend généralement par ce terme. Et les photographies comme les peintures de cette monographie le prouvent. Elles jouent de divers effets de textures et de grains .
Reprenant une des thématiques des plus classiques, la femme aux bains, sa version la renouvelle en mettant par exemple ses modèles derrière des plaques de verre mouillées et embuées où la suggestion remplace la vision  directe.  Ses collages photographiques de corps aux couleurs saturées jouent d'un autre effet de sensualité mais pour offrir un déceptivité revendiquée pour biaiser le regard voyeuriste.
Ces galeries de portraits sont aussi une forme d’autobiographie par procuration. L'Américaine est coutumière du genre. Il y a sûrement entre ses modèles et elle un fil d’Ariane, quelque chose qui échappe. Ces images sont comme des leitmotivs dans son œuvre. Celle-ci devient un refuge d'ordre d'une maison aussi close qu'ouverte pour montrer ce qui ailleurs, et même dans le porno pur et dur, reste obscur.

Jean-Paul Gavard-Perret

Marilyn Minter, All Wet, coédition JBE Books & MO.Co, juin 2021, 90 p.-, 25€

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