Basculements - Yve Bressande

L’imaginaire d'Yve Bressande renvoie la réalité à une fin de non-recevoir dans une quête de paradis terrestre ou de basculement dans l’irréel. Cela contredit la pression de la rationalité sous lequel le monde ploie.

La poésie dans ses actes d'insoumissions induit le farniente et retourne la lourdeur du monde comme un gant. Ses évidences acquièrent une propriété réversible dans les extensions infinies que l'écriture propose au sein d'un "n'importe quoi" des plus signifiants.

Entre fugue et décalage l'auteur vide la raison de son sens en lui donnant un autre fléchage moins fil-dingue qu'il n'y paraît. Tout est soumis à des courts-circuits et des courants alternatifs.

Les inscriptions premières du réel se trouvent décalées - passage de l'an 2000 compris  : seuls les "cons" estiment l'avoir franchis - ce qui est tout compte fait qu'une vue de l'esprit racorni sur un calendrier dont la validité est partielle.

L'auteur prend un malin plaisir à embourber le spectateur sans pour autant le noyer en un flot de signes. Maître d’une rhétorique ironique Yve Bressande crée toujours une émotion particulière en faisant de chaque idée émise un moment de pulsion créatrice.
C’est la manière d’enchanter le monde ou de le pousser à déchanter sans le moindre cosmétisme. Il est, comme une truite ou un poulet, vidé de ses certitudes.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Yve Bressande, Avec un long nez, Gros Texte, 2018

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