Carbone pas forcément 14 : Valery Molet

Les artistes ne ternissent pas le monde, ils passent à côté et ne le voient qu'applaudi, écrit Valéry Molet. En ce sens et comme les poètes ils sont des attrapeurs d'étoiles. Mais tout ne se fait pas forcément dans la joie et l'allégresse et cela peut devenir une manière bien peu aristocratique de s'ouvrir les veines...

L'auteur le prouve – sans aller jusqu'à un tel suicide – dans ses divagations qui sont plus que farcesques. L'expérience existentielle se mêle à l'évocation de bien des œuvres de divers registres. Des bains plus ou moins amniotiques sont donc proposés aux lecteurs qui se rapprochent au pire des genres : à savoir le genre humain. Le tout dans une alternance presque ludique entre proses et poèmes.

Valéry Molet une fois de plus refuse de partager la prétendue incommunicabilité des êtres (dont pour l'auteur le cinéma italien serait responsable). Mais il faut savoir lire son livre entre les lignes. Lieux et références sont un procédé pour se rapprocher de l'humain et le cueillir en une douce nostalgie qui n'est pas altéré par la tristesse.

L'auteur nous livre ses expériences sans faire preuve d'égotisme ou d'égoïsme. Il y a aussi par le tintamarre des mots un bel éloge du silence. Ce dernier évite que des voix grommellent et permet d'accorder  au corps  ses émotions fortes. La vie grouille là où le poète au besoin se moque – avec raison – des autres comme de lui-même en de multiples pirouettes. Demeurent une suite de propositions incongrues et le refus du pathos et de la dépression.

 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Valéry Molet La séquestration du carbone, éditions Nouvelle Marge, Lyon, mars 2020, 98 p.-, 13 euros
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