Les fulgurance de Yann Miralles

Il pourrait exister eu égard aux sujets qu'il aborde - crises migratoires et les désastres écologiques - bien des raisons de cultiver l'amertume chez le poète méditerranéen. Néanmoins Yann Miralles ne cherche pas l'ataraxie littéraire : il  a mieux à faire.

Jointoyant différents rythmes, il raconte d'étranges histoires où se mêlent bien des époques révolues ou actuelles. Il en va de même pour son esthétique. Elle devient un moyen d'atténuer les troubles de la psyché par celui du langage et de sa danse aussi contemporaine que classique.

En rien maître zen, Yann Miralles devient attentif aux autres dans de pages surprenantes au relent profond, critique mais aussi enjoué. Les textes à la rythmique mordante restent poreux au désir d'être. Et ce, sans crever sous les gravats des siècles et avec un certain courage.

Jamais replié sur lui-même le poète fait lever le magma des chairs pour qu'elles soient caniculaires et embrasent les geôles. Il prolonge donc ici sa part d'élan et de sursis en des pas de danse qui se transforment en une chorégraphie impressionnante.

Preuve que le recours au poème nous positionne la tête à l'envers, les mains dans la terre spoliée en travaillant la jouissance là où des formes anciennes du langage se régénèrent pour vivifier ce qui est ou devrait être. Celui qui  est soudain brune dans le robotique crée des éblouissements au sein de trois sections d’apparence disparate mais dont l'ensemble crée une même pulsation vitale afin que de la matière noire de la nuit une lumière s'exhale.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Yann Miralles, Hui, éditions Unes, mars 2020, 64 p.-, 16 € ; 22 ex d'un tirage de tête sur Vélin de Rives, contenant une œuvre originale en trois volets de Jérémy Liron, signée , 300 €

 

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