Jean-Luc Giovannoni le repeupleur

Ce livre réunit l’intégralité des poèmes publiés par Jean-Louis Giovannoni entre 1981 et 1991. Son titre est repris au premier livre publié par les éditions Unes naissantes, est aussi le premier livre publié par l’auteur après Garder le mort (1975) dont le succès avait bloqué l'auteur dans sa possibilité de publier même s'il continuait à écrire ce qui restait confiné dans ses carnets.

Pendant la décennie '80, Giovannoni va publier des fragments (Les mots sont des vêtements endormis et Ce lieu que les pierres regardent où la poésie est centrale. Elle est comme enfermée dans un labyrinthe où les corps cherchent un passage :
Sommes-nous faits / pour n’être que traversés ? // pour n’avoir aucune autre consistance / que celle de nos mouvements ? // Nous sommes à la fois la distance / et le passage.
Tout paraît en équilibre instable et la réalité est un visage qui s’effrite, qui s’effondre, miettes de verre brisé.

Toutefois, reste la tentative de retenir ce qui n'a plus de consistance et que le poème tente d'endiguer contre la dispersion ou la submersion du monde qui peut contraindre au silence. L'auteur parvient cependant à arracher au néant ce qui peut l'être même si chaque mot provoque un deuil, chaque regard des aveuglements dans la nuit.

Il s'agit donc, par le langage, de  repeupler le monde même si écrire peut sembler parler dans le vide. Mais le poème restitue à l'écriture une dimension fondamentalement organique. Le corps y est donc décrit dans tous ses états, avec toutes ses humeurs qui s’écoulent à partir d’une invisible matrice intérieure. 

 
Jean-Paul Gavard-Perret
 
Jean-Luc Giovannoni, Le Visage volé : poésies complètes 1981-1991, préface de François Heusbourg, éditions Unes, 2021, 240 p.-,  25 €

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