Jean-Claude Goiri : "Il" est un autre

Ce qu'on couvre du nom de maîtrise de soi et de liberté s'effondre dans un tel livre sans que pour autant Goiri rouvre les cicatrices de la civilisation. Simplement la souveraineté qu'il revendique est "conclusive" dans le sens qu'elle dépend de celle de l'aimée.

Ce qui ne la rend pas inopérante à toute dialectique. Au contraire. Mais un tremblement se propage et fait trembler les coques et soudures du "moi". Son rituel est changé au nom de celle qui l'excède, le dissémine. Et si "il" ne s'efface pas devant l'autre, il fait plus. Il s'incline, se précipite dans un creusement. Celui-ci ne dément pas qui "il" est mais le synchronise à une histoire parallèle et épiphanique.

Loin de toute mécanisation du vivant, la reconnaissance de l'autre opère le ressourcement de l'être. De la sorte l'assiégé volontaire se délivre en se livrant ou se dissolvant par la femme qui lui offre son consentement.

Si bien que Jean-Claude Goiri est le plus pertinent des philosophes. Il atteint en toute discrétion l'illimité de la pensée. Celle qui souvent n'ose d'exprimer.


Jean-Paul Gavard-Perret


Jean-Claude Goiri, Tectonique de l'aube, éditions Tarmac, Nancy, juillet 2021, 62 p., 10 euros

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