Apolline Garrel : récits de la maison des morts

Ce texte rare résonne comme un récrit polyphonique sur l'hospitalisation en psychiatrie et  plus largement sur les troubles de la conscience et ses vacillements, les frontières entre la normalité et la folie. Et ce à travers plusieurs récits à la première personne d'existences qui ont basculé jusqu'à se retrouver dans cet hôpital.

Devant l’évidement des contenus et des substances qui est attribué aux "fous", c’est donc une phénoménologie nouvelle qui s’invente, mais aussi une phénoménologie du récit poétique qui oriente son lecteur vers une zone trouble et opaque.

Le livre est de la sorte l’expression même de la recherche de la voie phénoménologique, cette voix du récit qui, retranchée du monde, du sens et de l’énoncé, fait vibrer la présence. Sans être la réalisation pleine des voix, le texte s’affiche comme une tentative singulière de cerner les raccords et les discords entre l'être et le monde, autant de liens à l’origine de la fascination et de la nécessité qu’il a toujours entretenues chez les détenus que sont les exclus du monde des vivants.

Jean-Paul Gavard-Perret

Apolline Garrel, Le Vent noir, Mjw fédition, juin 2021

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