La poésie verticale d'Alexis Audren

Alexis Audren a collaboré avec de nombreux peintres, plasticiens et photographes (Philippe Cognée, Jean Marc Scanreigh, Jephan de Villiers, Jean Anguera) sous formes de livres pauvres, livres d'artistes et plaquettes d'exposition.
Son livre est une forme d'illustration de la géométrie de l'espace et de la parole par celui qui cultive un esprit de finesse par souci du détail et non sans ironie. Celui-là d'ailleurs est une altitude distante. La distance, altitude avec écrit l'auteur. Et au lieu d'étendre l'espace, Audren  le travaille en creusement.
Le tout pour trouver moins des filons que les plis (puisque la vie est dedans selon Michaux) où s’insinue la parole. Elle en sort au besoin pour rehausser toute bigarrure dans le détail.
Partant du sol la poésie devient verticale (comme chez Juarroz), elle monte dans un azur matelassé. Pour faire tenir ensemble non la théorie du même nom mais une forme de prélude à une cosmologie.
C'est une manière non seulement de créer un rassemblement des éléments premiers car  l’eau y gagne en onde et l'être qui se rattache à eux aussi. Et ce, jusque dans la déclivité des arbres plus grands dedans.
Il s'agit alors de les pousser jusqu'aux rochers avec les images et de saisir l'infini dans les déclinaisons de l’herbe. Si bien que les pensées en jaillissent sans savoir pour autant les utiliser à bon escient. C'est ainsi que la langue avance, pleine de ce qui peut se nommer espérance en une période qui en manque cruellement.

Jean-Paul Gavard-Perret

Alexis Audren, Bigarrures, bariolages, dessins de Philippe Cognée, Æncrages & Co, coll. Ecri(peind)re, mai 2023, 64 p.-, 21€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.