Sorin Cerin : la puissance de Dieu

Les ambitions de Sorin Cerin sont grandes et marquées dès le début de son livre :
Errant parmi les illusions de l'existence  / j'ai essayé de construire mon  / propre labyrinthe de rêves  / d'où je ne sortirai plus jamais  / sur le chemin des illusions de la vie et de la mort / prédestiné
et ce au nom de l'événement primordial / qui a pensé à moi d'avance  / de créer le Dieu.
Et c'est là où les ambitions sont encore plus importantes car il faut au poète et philosophe se dégager d'abord de son moi haïssable victime des bordels de la morale et des clowns de la vérité qui ont créé  les cathédrales des vices  et des pensées douteuses.
À partir de là s'inscrit la lutte entre celui qui cherche à créer l'égrégore d'un nouveau dieu et celui qui veut devenir par sa vie même égrégore. Le poète devient le cavalier sans destrier mais que nourrit la soit de vérité mystique à la fois visible mais pas regardable. D'où le recours à la poésie  qui devient, par le ménage qu'elle propose, l'ordination-matrice qui nous lie dans le théâtre du monde au quatrième mur – celui  qui reste toujours en fuite sur le plan subtil et subliminal. Une telle poésie de vérité tente d'arracher un à un les mille plateaux que le commun des mortels doit traverser avec un précipice à leurs bords pour toute perspective.
Sorin est là pour ouvrir  nos zones de fond à un croisement spirituel de régénération pour éviter de plonger et replonger là  de gré ou de force nous croupissons. C'est pourquoi un tel poète a repris la parole. Et il la tient.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sorin Cerin, Sur les épaules de la mort : poèmes philosophiques, Editura Estfalia, Bucarest, juin 2022, 280 p.-, 20€

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