Ensaignements de Philippe Jaffeux

Spécialiste d'une poésie lettriste et d'investigations, Jaffeux pousse une nouvelle vois plus loin ses expérimentations. Les enseignes lumineuses d'une poésie devenue numérique pour empêcher la poésie otar-sik voir tekno-phobe de poursuivre le labour d'ornières en ses sens admis.
Ici l'apprend-détissage crée un face à face et des variances entre textes (sous divers registres) et images (idem). Les calligraphies ne suffisent pas et le poète se fait de plus en plus plasticien  afin que ce qui cale habituellement dans le logos se pige.
Un tel  découpage n'exclut en rien la rigueur mais  ne vise pas l'avatar d'un logos pur. Il s'agit plutôt de celui référé à lui-même avec en filigrane subliminal et inducteur ce je ne sais quoi philosophique de la grandeur kantienne lorsque l'érudit teuton introduisit dans la pensée le concept de grandeur négative.
Nul ne peut affirmer si Jaffeux affine vraiment cette réalité du négatif mais il y a fort à parier que par des béances volontaires et intrusives de sa pensée et de sa pratique, un saisissement vient prendre le réel de la pensée dans l'insu de le plein gré de ses forces contraires pour en esquisser les dessous.
Nous avançons ainsi dans un monde à la fois volontairement disjoint du caveaubulaire et séparé de bien des maux de la tribu.  Les langages deviennent alors vifs et palpables en leurs titres où la parole se dissout puisque il n'y a plus de réel écart entre les premiers et leurs dessous dont  les cartes créent des écarts.

Jean-Paul Gavard-Perret

Philippe Jaffeux, Éveils, Jannink, octobre 2023, non paginé, 18 €

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