Jonathan Franzen, Freedom : Assommant !

Ce roman a été sélectionné pour le Prix 2013 du Meilleur Roman des Lecteurs de Points. Les éloges qui ont fusé à son sujet et se poursuivent augurent favorablement de l’épreuve. D’abord, ceux de Philip Roth : « Il y a une vingtaine de très bons romanciers américains dans les générations qui me suivent. Le plus grand est Jonathan Franzen. » Puis ceux de la presse : « Freedom est un vrai roman du XXIe siècle, l’un des tout premiers », assure un excellent quotidien, et un autre en loue « un pouvoir d’addiction assez formidable ». Nous avouons ne pas savoir ce que serait un « roman du XXIe siècle », et encore moins « un pouvoir d’addiction », aussi nous sommes-nous lancés dans la lecture de celui-là.

 

L’entreprise s’annonça ardue. Est-ce le style originel, est-ce la traduction, toujours est-il que dès la première phrase, on aborde ce type d’écriture qu’on peut nommer « langage approximatif » et qui règne sur la totalité du texte :

 

« Les nouvelles concernant Walter Berglund ne furent pas découvertes dans un quotidien local […] mais la bonne société urbaine de Ramsey Hill n’était pas loyale à sa ville au point de ne pas lire le New York Times. »

 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Plus loin, une autre phrase en langage approximatif : « De l’avis de Seth Paulsen […] les Berglund étaient ce genre de progressistes qui se sentaient excessivement coupables et qui avaient besoin de pardonner à tout le monde pour que leur bonne fortune personnelle puisse leur être pardonnée. » Nous n’avons jamais rencontré pareils progressistes, même modérément coupables, et ne voyons guère ce que ce progressisme pourrait bien être.

 

Pour la faire brève, passons à l’histoire, si tant qu’il y en ait une, car les péripéties s’enchevêtrent au point qu’une bonne partie du temps de lecture est consacré à des retours en arrière pour retrouver le fil perdu : les Berglund, une famille de Saint-Paul, Minnesota, s’installe à New York et y perd le peu de cohésion qu’elle avait. Pour arriver à ce constituer une image approximative du destin de ses membres, il faut se frayer un passage dans un bric-à-brac de dialogues qui s’amoncellent comme des caisses dans un hangar, les uns plus décousus que les autres, tel celui qui mélange le destin de la paruline azurée – un oiseau – les problèmes démographiques de la Chine et la politique des Démocrates américains, la pollution, le désir d’enfant et les 4X4… On a l’impression d’être assis dans un compartiment de train à côté de Bidochons qui parleraient trop fort.

 

Quelques « merde » et « con » qui parsèment le texte, ensemble avec des détails érotiques qui se veulent francs, veulent donner un sentiment de vérité, mais l’effet général est celui d’une télé-réalité dont le réalisateur ou déréalisateur aurait consommé un mélange de substances illicites.

 

Page 603, une des scènes érotiques laisse perplexe : le mâle Joey y est « enfermé dans son pantalon », mais trois lignes plus bas, la fille « s’excite contre la cuisse nue de Joey à travers sa culotte ». Nous ignorons donc la vraie tenue de Joey, et peu nous en chaut. Nous n’avons donc pas ressenti le « pouvoir d’addiction » annoncé par certains. Voire, nous avons lu par devoir l’un des ouvrages les plus assommants qui nous soient tombés sous la main avant d’en tomber.

 

Gerald Messadié

 

Jonathan Franzen, Freedom, Points, août 2012, 786 p., 9 €

3 commentaires

Bonjour, votre critique est fort bien écrite et piquante sur le fond. Seulement, vous ne pouvez ignorer qu'il suffit d'extraire quelques phrases de n'importe quel ouvrage, avec la plus saine des mauvaise foi bien sûr, pour obtenir l'effet de ridicule que vous recherchez. Donc, votre critique est piquante, mais vaine...

Aude Flachère

"Pour arriver à ce constituer une image approximative du destin de ses membres(...)". 

Tout semble approximatif dans cette critique... même l'orthographe.

pas du tout d'accord avec cet éreintement de freedom je l'ai lu 2 fois en anglais et en français, dur à suivre en Anglais car éloigné de mon anglais classique mais supérieur à la version française